
À l’occasion du 18e anniversaire du coup d’État de 2006 qui a renversé le gouvernement de Thaksin Shinawatra, le parti au pouvoir, le Pheu Thai, a déclaré que les coups d’État ne devaient plus jamais se produire et s’est engagé à réécrire la charte rédigée par la junte.
Danuporn Punnakant, député et porte-parole du parti Pheu Thai, a déclaré que le coup d’État de 2006 avait privé le pays d’opportunités cruciales et constituait un grave crime contre la démocratie, faisant reculer la Thaïlande de près de deux décennies. Il a réaffirmé la ferme opposition du parti aux coups d’État et a promis que de tels événements ne devaient pas se reproduire.
Danuporn a également décrit la charte de 2017 comme un « fruit empoisonné » qui porte atteinte aux valeurs démocratiques et a souligné la détermination du parti à la réviser. En effet, outre les Coups d’État militaire, le régime peut facilement réaliser des Coups d’État judiciaires grâce à une constitution rédigée en ce sens.
Le Parti du peuple a également publié une déclaration marquant le 18e anniversaire du coup d’État de 2006, soulignant que malgré le passage du temps, le pays semble n’avoir pas avancé d’un pouce avec un régime qui tient toujours les commandes.
Selon lui, la scène politique reste dominée par les grandes familles qui se succèdent aux postes ministériels clés, évitant de s’opposer au régime tout en négligeant les préoccupations des vrais gens.
Les conséquences du coup d’État ont entraîné une stagnation économique et un blocage du progrès démocratique qui ont eu des conséquences négatives durables. En réponse, le Parti du peuple appelle à quatre réformes urgentes pour dépasser les séquelles du coup d’État :
- Réforme militaire : depuis 2006 l’armée a un pouvoir excessif sur le gouvernement civil. Le parti propose de réduire le rôle du Conseil de défense à un rôle consultatif.
- Dissolution du commandement des opérations de sécurité intérieure (ISOC) : réactivé par la loi sur la sécurité intérieure de 2008, l’ISOC continue à jouer un rôle de censeur.
- Décentraliser le pouvoir : les modifications apportées à la loi sur la décentralisation ont réduit la part des recettes locales. Le gouvernement devrait s’engager à rétablir cette part à 35 %.
- Prévenir les coups d’État, notamment en interdisant l’amnistie pour les putschistes et en permettant aux citoyens de les poursuivre en justice.
Entre deux décisions de justice qui nuisent à des partis ou des personnalités politiques élues, les rumeurs de Coup d’état perdurent.
D’ailleurs l’ancien chef de l’armée, extrêmement proche du régime, le général Apirat Kongsompong est supposé diriger un nouveau parti ultra-conservateur encore plus à droite que les partis pro-armée actuels. Il pourrait se présenter aux prochaines élections ou servir de « vaisseau » à d’autres généraux.
Ce parti serait composé de retraités tels l’ancien chef de la police Chakthip Chaijinda (poursuivi pour corruption) et Apirat lui-même qui, bien que retiré, reste très influent dans l’armée. Ils sont très liés au patron de facto de Ruam Thai Sang Chart, le putschiste Prayut Chan-o-cha.
Suriyasai Takasila, de l’Université de Rangsit, fait remarquer que ce parti permettrait aux fonctionnaires actifs ou retraités et aux personnes âgées de s’opposer au Parti du peuple, réformateur. En effet, l’extrême droite du royaume considère que le Palang Pracharath et Ruam Thai Sang Chart (deux partis pro-armée) tout comme Pheu Thai sont incapables d’endiguer la volonté de réforme de la jeunesse qui s’exprime via le parti du Peuple.