Le congé périodique menstruel mis en place à l’université Thammasat

Pour la première fois en Thaïlande, une université approuve un «congé périodique» menstruel

A l’université Thammasat, au nord de Bangkok, les étudiantes souffrant de douleurs lors de leurs cycles menstruels pourront dorénavant s’absenter sans que cela n’affecte leurs notes.

Maux de tête, fatigue, douleurs abdominales : les étudiantes de l’université Thammasat, au nord de Bangkok, n’auront plus à endurer ces douleurs en classe. La prestigieuse université a approuvé la mise en place d’un «congé menstruel» périodique. Sans que cela ne pénalise leur cursus, les étudiantes malades au cours de leur cycle menstruel seront autorisées à s’absenter pour rester chez elles. Prise par le comité académique, cette décision inédite dans le pays a été annoncée la semaine dernière.

«Le département académique aimerait demander la collaboration des facultés, des instituts et des collèges pour informer les instructeurs d’approuver l’absence des étudiantes pour cause de menstruation sans que cela n’affecte les cours», a écrit mardi 14 novembre le syndicat étudiant de l’université sur Facebook. La durée et les modalités exactes des absences n’ont pas été précisées.

L’université Thammasat de Pathum Thani, la banlieue nord de Bangkok, est le premier établissement du royaume à accorder ce droit au «congé périodique». Thammasat, l’une des plus anciennes universités de Thaïlande, est renommée pour son progressisme. Dans ce pays tenu d’une main de fer par l’armée et le roi, l’université, connue pour être un espace de libre expression, a été le théâtre de nombreuses manifestations pro-démocratie en 2020. Ce «congé périodique» est un pas supplémentaire pour cette université déjà classée septième au rang mondial pour sa promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes. Thammasat propose notamment un master sur «les femmes, le genre et la sexualité» ainsi que la gratuité des protections hygiéniques.
L’Asie, continent précurseur

Selon une étude du CMAJ (Journal de l’association médicale canadienne), la dysménorrhée – menstruations pénibles et douloureuses – «touche entre 50% et 90% de la population adolescente» et «constitue la principale cause d’absentéisme scolaire». Si cette mesure est sans précédent dans les universités thaïlandaises, le «congé menstruel» est en revanche assez répandu dans le monde de travail, et l’Asie en est le précurseur. Au Japon, cela fait plus de 75 ans – depuis une loi de 1947 – qu’il est possible pour une femme de s’absenter plusieurs jours par mois lorsque ses règles sont trop douloureuses.

En Zambie, en Corée du Sud ou à Taïwan, c’est également possible, avec des modalités plus ou moins favorables selon les pays. En Indonésie, c’est par une loi de 2003 adoptée sous le mandat de Megawati Sukarnoputri, première femme présidente à la tête du pays, que les travailleuses ont obtenu l’autorisation d’être absente pendant un ou deux jours par mois. Plus récemment, en février 2023, l’Espagne est devenu le premier pays d’Europe à voter le congé menstruel. Le chemin est encore long.


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