La situation devient explosive en Thaïlande alors que mercredi 19 aura lieu le 2e tour, au parlement, pour élire le premier ministre.
A ce stade, la rue reste calme mais Internet, la « justice » et les partis politiques sont en flamme.
La Cour constitutionnelle thaïlandaise doit se réunir ce mercredi pour examiner s’il convient d’accepter la requête de la Commission électorale demandant au tribunal de se prononcer sur le statut parlementaire du chef du parti Move Forward, Pita Limjaroenrat, face à la controverse sur l’actionnariat iTV.
Selon la procédure, si la Cour constitutionnelle accepte l’affaire elle peut émettre une injonction pour empêcher Pita d’exercer ses fonctions de député jusqu’à ce qu’elle se prononce sur l’affaire. Pita aurait le droit de se défendre devant le tribunal dans les 15 jours suivant la réception de l’injonction.
Le calendrier de la Cour constitutionnelle, pour examiner l’affaire mercredi, coïncide avec la deuxième séance conjointe de la Chambre et du Sénat pour voter sur la candidature de Pita au poste de Premier ministre.
Si mercredi matin, la Cour Constitutionnelle suspend Pita, on ne sait pas s’il aura le droit de se présenter devant le parlement l’après-midi. Si Pita était empêché, il ne serait pas la première personnalité progressiste à être victime de la « justice ».
Un modeste rassemblement de progressistes est attendu demain matin devant le siège de la Cour Constitutionnelle, Chaeng Wattana.
Cette fois, les internautes ont décidé de ne pas rester inactifs. Ils ont appelé la population à recueillir des information sur les frasques extraconjugales des sénateurs qui ont voté contre et se sont abstenus de voter pour Pita jeudi dernier.
Des centaines de milliers d’internautes ont fait apparaître le hashtag afférant en tendance. Par ailleurs, un appel au boycott des entreprises liées aux sénateurs et à leurs familles a été lancé.
Alors que le hashtag concernant les mia noï n’a pas produit beaucoup de révélations, un certain nombre de marques ont réagi à l’appel au boycott en donnant des informations sur leur actionnariat. Certains sénateurs ont promis de poursuivre quiconque causerait des dommages à leur famille, tandis que certains partisans de Move Forward ont publié en ligne qu’ils pensaient que les familles devraient être laissées tranquilles.
Les sénateurs veulent s’en prendre à un avocat, M. Decha Kittiwittayanan. Il fait face à une poursuite en diffamation de la part de certains sénateurs pour avoir critiqué leur comportement lors de la réunion du 13 juillet où seuls 13 d’entre eux ont voté pour le chef de Move Forward, Pita Limjaroenrat. Decha a déclaré qu’il n’avait pas peur à la chaîne de télévision 7 lundi après-midi.
Il a ajouté « Le salaire des sénateurs provient des impôts des citoyens, donc les citoyens ont le droit de les critiquer. »
Il a dit plus tard qu’il avait entendu dire que ces sénateurs et leurs avocats recueillaient maintenant des preuves contre les personnes qui les avaient critiqués et allaient intenter une action en justice. Cela représentent des milliers voire des centaines de milliers d’accusés.
Les Huit alliés de la coalition ont convenu lundi soir de renommer Pita Limjaroenrat comme candidat au poste de Premier ministre mercredi – mais s’il échoue à nouveau, le Parti Pheu Thai pourra présenter son candidat jeudi.
« Si les votes favorables n’augmentent pas de manière significative, nous reculerons. Le Pheu Thai tentera sa chance », a déclaré M. Pita à Thai Summit Tower, le lieu de la réunion. Il a précisé qu’une augmentation significative voulait dire 10 % ou plus. On ne sait pas si Pheu Thai s’accorde sur ce chiffre.
De toute façon, La question de savoir si Pita a le droit de se présenter à nouveau mercredi n’est pas clarifiée. Elle sera soulevée avec le président de la Chambre Wan Muhamad Noor Matha mardi, a déclaré le sénateur Somchai Sawaengkarn. Il a déclaré que M. Wan avait convoqué une réunion avec les chefs du Sénat et de la Chambre des représentants.
De plus, du côté du Pheu Thai, on s’impatiente. Les problèmes économiques ne peuvent pas attendre alors que le parti Pheu Thai a trois candidats au poste de Premier ministre prêts pour le poste, a déclaré lundi un chef du Pheu Thai, Phumtham Wechayachai.
Srettha Thavisin, l’un des trois candidats du Parti Pheu Thai, s’est déclaré prêt à devenir Premier ministre. M. Srettha répondait aux questions alors que des rumeurs en font le Premier ministre si Pita Limjaroenrat échouait. « Nous, au parti Pheu Thai, avons discuté de cette question pendant quatre mois, et si je n’étais pas prêt pour le poste, je n’aurais pas été nommé candidats par le parti ».
Cependant, il a déclaré qu’une question plus urgente était d’accélérer la formation d’un nouveau gouvernement de coalition et de lancer des mesures de relance économique.
Srettha possède le profil du poste, reste à savoir si Thaksin acceptera qu’un premier ministre Pheu Thai ne s’appelle pas Shinawatra.
Le torchon peut brûler à tout moment entre Move Forward et Pheu Thai. Hier Saendee Sittipunt, partisan du Pheu Thai et fils du gouverneur de Bangkok Chadchart Sittipunt, a lancé une diatribe contre Pita et le parti Move Forward d’une violence inouïe sur Internet.
Son nom est rapidement devenu tendance sur Twitter et il a été sévèrement condamné de tous côtés. Son père qui n’excuse pas Saendee rappelle que l’enfant qu’a que 23 ans. Saendee s’est excusé lui-même mais c’était trop tard.
On note que les partisans des deux camps se retournent de plus en plus les uns contre les autres.
Avec un peu de recul, les ONG rappellent qu’il ne faudrait pas oublier que Move Forward a gagné les élections.
Quarante organisations pro-démocratie, ONG, et groupes de la société civile ont publié lundi une déclaration commune demandant au Parlement de respecter le résultat des élections générales du 14 mai.
La déclaration conjointe remise aux médias exige que le Sénat reconnaisse le soutien public au parti Move Forward et soutienne son chef pour qu’il assume le rôle de Premier ministre.
La déclaration demande l’annulation de l’article 272 qui permet le droit de nuisance du Sénat.
Pour finir le Premier ministre intérimaire, le général Prayut, était tout sourire et de bonne humeur ce mardi matin au siège du gouvernement. Prayut n’a pas dit s’il soutient le candidat au poste de Premier ministre du parti Phalang Pracharath, Prawit Wongsuwan, qui est son vice-Premier ministre et complice de tout ce qu’il s’est passé depuis 2014 dont le coup d’état.
A date, on ne sait pas si Prawit se présentera lors du 2e tour mercredi ou du 3e, jeudi pour devenir premier ministre. Une élection de Prawit serait à l’évidence cocasse et réjouirait les caricaturistes mais déclencherait l’ire des Thaïlandais.
A ce stade, le scénario le plus probable est l’élection de Thavisin au post de premier ministre jeudi.
Le hashtag mia noi (des sénateurs) 556 000 sut Twitter
