
319 députés sur 493 ont voté pour que Paetongtarn Shinawatra devienne le Première Ministre de Thaïlande. 145 autres ont voté contre elle et 27 autres se sont abstenus ce vendredi midi. La fille de Thaksin était la seule candidate.
Bien qu’elle n’ait jamais été députée ou ministre, Paetongtarn Shinawatra, « fille de », est impliquée depuis longtemps dans la politique. Adolescente, elle accompagnait son père lors des campagnes électorales de 2001 à 2006, jusqu’au coup d’État.
Son oncle, le 26e Premier ministre Somchai Wongsawat, a été démis de ses fonctions lorsque la Cour constitutionnelle a ordonné la dissolution du Parti en 2008.
Ensuite, sa tante, Yingluck Shinawatra, la première femme Premier ministre de Thaïlande, a été condamnée à démissionner par la Cour constitutionnelle à la veille du coup d’État de 2014. Elle a fui le pays en 2017 condamnée pour n’avoir pas contrôlé son gouvernement avec assez de rigueur.
Paetongtarn est officiellement entrée en politique à l’âge de 36 ans lors de l’assemblée générale du Pheu Thai le 28 octobre 2021 où elle a été présentée comme « conseiller du parti à l’innovation ». C’est donc une femme résolument moderne dans un environnement de mâles âgés, comme son père.
Née le 21 août 1986 (38 ans dans 5 jours), Paetongtarn est surnommée Ung-Ing. Elle a un frère Oak-Panthongtae, de six ans son aîné, et une sœur, Aim-Pintongta, de quatre ans son aînée. Elle a terminé ses études secondaires à l’école Saint-Joseph sur Convent – Silom et à l’école Mater Dei, chez les Ursulines à Chitlom. Elle a obtenu un diplôme en sciences politiques à Chulalongkorn et a poursuivi ses études à l’Université de Surrey au Royaume-Uni, avec une spécialisation en gestion hôtelière internationale.
Elle est ensuite revenue diriger l’entreprise familiale, SC Asset Corporation et Fondation Thaicom. Elle détient également des actions dans 21 sociétés, notamment Rosewood Bangkok Hotel, Thames Valley Khao Yai et The Sisters Nails entre autres pour une valeur estimée à environ 68 milliards de bahts.
Paetongtarn a épousé Pidok Suksawat en 2019. Ils ont une fille, Thitharn Suksawat, et un fils, Phutchasin Suksawat, né en pleine campagne électorale, le 1er mai 2023. Une campagne perdue. D’aucuns considèrent que l’absence de Paetongtarn, occupée à la maternité, a fait perdre des voix au Pheu Thai.
Paetongtarn n’a pas accepté de poste ministériel dans le gouvernement Srettha, mais a choisi de s’impliquer dans le soft power thaïlandais et de rester leader de Pheu Thai, selon la volonté de Thaksin qui affirmait : « Ing dans le parti, Srettha au Gouvernement ».
Paetongtarn a partagé une photo d’un déjeuner heureux avec sa sœur, l’ancien Premier ministre Srettha et elle. Elle affirme que Srettha soutient sa nomination au poste de Premier ministre.
L’ascension de Paetongtarn à ce poste fut donc aisée mais ce qui l’attend maintenant est un champ de mines. Relever l’économie sera extrêmement difficile après 10 ans de régime militaire. Même Thaksin reconnaît que la situation actuelle est bien plus compliquée que celle qu’il a trouvée en arrivant en 2000. Les messages de Paetongtarn promettant d’améliorer les moyens de subsistance des Thaïlandais ont fait rire ou ont suscité la colère car personne ne croit qu’elle pourra atteindre de tels objectifs.
Bien qu’elle fasse preuve d’une patience semblable à celle de sa tante Yingluck, Paetongtarn répond aux critiques de manière plus directe. Par conséquent, elle est très attendue, car les Thaïlandais se demandent si elle pourra briser la malédiction de la famille Shinawatra toujours renversée par l’armée.
D’ailleurs, les suppôts du régime sont déjà sur le sentier de la guerre. Les royalistes veulent porter plainte auprès de la Cour Constitutionnelle, car le nouveau gouvernement a violé la constitution en se soumettant à l’influence indue d’un « étranger ». Thaksin en l’occurrence. Avec une constitution kafkaïenne, on est très rapidement hors la loi.
Le conseiller juridique du gouvernement, Wisanu Krea-ngam, proche de Prayut, a déclaré jeudi que Thaksin n’avait pas interféré dans la formation du nouveau gouvernement en invitant les dirigeants des partis de la coalition chez lui mercredi soir. Il souhaitait simplement les rencontrer pour connaître leur position sur le candidat du parti Pheu Thai au poste de Premier ministre. « On ne peut pas appeler cela de la domination », a déclaré Wissanu. Ce sera, éventuellement, à la Cour Constitutionnelle de décider.