
archive de AAC Ye Min
Plus de 500 personnes, dont 100 soldats et 467 civils, ont fui vers la Thaïlande après une attaque de la KNLA contre une base militaire appartenant à la junte dans l’État Kayin (ou Karen). L’armée thaïlandaise a désarmé les militaires fidèles à la junte et fourni une aide humanitaire. Cette incursion survient dans le contexte d’une guerre civile persistante en Birmanie, opposant la junte aux forces ethniques et pro-démocratie. Les troupes thaïlandaises ont renforcé la sécurité à la frontière pour prévenir d’éventuelles violations de souveraineté. La KNLA revendique la prise de postes avancés. Le conflit continue de provoquer des déplacements massifs, avec 81 000 réfugiés birmans actuellement en Thaïlande.
C’est dans ce contexte tendu que Human Rights Watch publie un rapport, intitulé « Je ne me sentirai jamais en sécurité ». Ce texte documente les abus systématiques dont sont victimes les ressortissants du Myanmar en Thaïlande, notamment à Mae Sot, près de la frontière. Ces réfugiés, fuyant guerre, persécution et pauvreté, sont régulièrement arrêtés, interrogés et extorqués par les autorités thaïlandaises, souvent sommés de verser des pots-de-vin sous menace d’expulsion. Certains ont même été contraints d’acheter des « cartes de police » non officielles pour éviter l’arrestation, mais celles-ci ne garantissent en rien leur sécurité.
Depuis le coup d’État militaire au Myanmar en 2021, des millions de personnes ont fui le pays, dont près de la moitié vivent désormais en Thaïlande sans papiers. En février 2025, Human Rights Watch a mené 30 entretiens auprès de réfugiés, révélant un climat de peur, d’intimidation et d’exploitation, aggravé par l’absence de statut juridique. Les démarches pour obtenir une carte rose – principal document légal accessible – sont complexes et coûteuses, souvent entachées de corruption et parrainées par des employeurs fictifs.
La Thaïlande, qui n’a pas signé la Convention de 1951 sur les réfugiés, ne dispose pas de cadre légal pour reconnaître leur statut. Le Mécanisme national de filtrage instauré en 2023 exclut largement les ressortissants du Myanmar, du Cambodge et du Laos. Human Rights Watch appelle la Thaïlande à adopter une législation conforme aux normes internationales pour reconnaître et protéger les réfugiés, et à mettre fin aux abus commis par ses autorités.
Face à l’urgence humanitaire, une protection temporaire devrait être mise en place, avec l’appui du HCR, afin d’assurer l’accès à l’asile et empêcher les retours forcés vers le Myanmar, où les risques de persécution persistent.