
DPU
Le remaniement ministériel en Thaïlande suscite de vives inquiétudes quant aux compétences des nouveaux titulaires de l’Éducation.
Narumon Pinyosinwat, nouvelle ministre de l’Éducation, bien qu’engagée à moderniser les programmes avec l’IA et à investir dans les ressources humaines, est critiquée pour son manque d’expérience en éducation de base. Son parcours, centré sur l’enseignement supérieur et des fonctions antérieures sans rapport direct avec la gestion scolaire, soulève des doutes sur sa capacité à piloter une réforme significative.
Les deux vice-ministres sont également jugés peu expérimentés, risquant de devenir dépendants de la bureaucratie.
Quant à Sudawan Wangsuphakijkosol, sa rotation rapide entre trois ministères nuit à la continuité et compromet son efficacité à la tête de l’Enseignement supérieur.
Les experts redoutent une gouvernance faible, dominée par des considérations politiques au détriment d’une vision éducative cohérente. Ils appellent à des nominations plus stratégiques et à une réforme ambitieuse alignée sur les réalités technologiques et démographiques du pays.
Cependant, force est de constater que ces quatre ministres possèdent un profil plus adapté que leurs prédécesseurs, dont le policier du Bumjaithai.
Par ailleurs, la baisse constante du taux de natalité en Thaïlande commence à impacter sévèrement les universités. De nombreux établissements n’ont pas rempli leurs quotas d’étudiants à la fin juin, illustrant une crise profonde du système de l’enseignement supérieur. Le nombre de naissances est tombé à 461 421 en 2024, soit le plus bas en 75 ans. Les inscriptions universitaires chutent parallèlement, atteignant 350 000 étudiants en 2023, loin de la capacité nationale d’environ 390 universités. Des experts avertissent que, sans adaptation rapide, de nombreuses institutions — en particulier les plus petites, comme les universités Rajabhat — risquent la fermeture.
Les universités Rajabhat, souvent implantées dans des provinces reculées, sont particulièrement vulnérables. Certaines font déjà face à une crise d’effectifs, bien que des exceptions comme Nakhon Ratchasima montrent encore une résilience locale. Face à cela, les dirigeants universitaires appellent à des réformes profondes : reconversion des programmes vers les compétences professionnelles, collaboration avec les entreprises, et développement de formations continues pour adultes. Actuellement, l’enseignement thaïlandais dans son ensemble est réputé médiocre et inadapté au monde du travail.
« Rajabhat » fait référence à un réseau d’universités publiques en Thaïlande, initialement spécialisées dans la formation des enseignants. Elles ont évolué pour offrir un large éventail de programmes d’études. En thaï, « Rajabhat » signifie littéralement « serviteur du roi » et ces établissements étaient autrefois sous le patronage royal.
L’Université Thammasat, quant à elle, anticipe l’avenir en intégrant des stages obligatoires dès 2027 et en renforçant ses partenariats avec l’industrie. Les experts recommandent aussi d’élargir le public visé en offrant des programmes non diplômants, des formations personnalisées et flexibles, ainsi que des contenus axés sur les compétences plutôt que les seuls diplômes. Dans un paysage concurrentiel bouleversé par la technologie et le vieillissement démographique, la survie des universités thaïlandaises passera par l’innovation, l’adaptabilité et l’ancrage dans les réalités du marché du travail.