
Une affaire judiciaire très médiatisée a ravivé les inquiétudes sur la liberté d’expression en Thaïlande, alors qu’une députée de l’opposition a été reconnue coupable de crime de lèse-majesté.
Le 8 septembre, le tribunal pénal de Bangkok a condamné Chonthicha “Lookkate” Jangrew, députée du People’s Party et ancienne figure du mouvement Ratsadon, à deux ans et huit mois de prison sans sursis pour un message sur Facebook datant de novembre 2020. Ce message, publié sous le hashtag #RatsadonMessage, contenait une lettre ouverte à la monarchie critiquant les dépenses royales, les nominations militaires et les privilèges accordés aux civils. Le tribunal a jugé que ces propos “insultaient et dénigraient” la monarchie, en violation de l’article 112 du Code pénal et de la loi sur la cybercriminalité.
Bien que la peine ait été réduite pour circonstances atténuantes, Amnesty International a fermement condamné le verdict, le qualifiant de “grave atteinte aux droits humains” et d’illustration des restrictions persistantes à la liberté d’expression en Thaïlande. L’organisation a appelé les autorités à cesser d’utiliser la loi de lèse-majesté pour intimider ou punir les voix dissidentes.
La députée a pu sortir libre du tribunal après le dépôt d’une caution, en attendant son jugement en appel.
Chonthicha a exprimé sa gratitude envers les citoyens, avocats, diplomates et défenseurs des droits humains qui l’ont soutenue tout au long de son procès. Bien qu’elle ait obtenu une libération sous caution, elle déplore que de nombreux prisonniers politiques restent incarcérés sans possibilité de défendre équitablement leur cause. Elle a évoqué les conditions de détention préoccupantes, notamment la surpopulation et le manque d’infrastructures de base, comme les cordes à linge, qui affectent la santé des détenus.
Avec ses collègues du Parti populaire, elle a soumis un projet de loi visant à réformer les règles de mise en liberté sous caution, afin de rétablir le principe de présomption d’innocence et de désengorger les centres de détention provisoire. Elle milite également pour une réforme pénitentiaire plus large, incluant la formation des agents et l’amélioration des conditions de vie en prison. Elle réitère son engagement à défendre les droits humains.