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Le gouvernement dirigé par Anutin Charnvirakul, chef du parti Bhumjaithai, révèle une forte structuration clanique et régionale centrée sur la province de Buri Ram et le réseau d’influence de Newin Chidchob. Lors de son 67e anniversaire, célébré avec faste au Chang Arena, Newin a réaffirmé son soutien à Anutin pour un second mandat -s’il gagne les élections du printemps 2026-, dans une mise en scène quasi monarchique mêlant rituels religieux et symboles de pouvoir. La présence de nombreux membres du gouvernement et de la famille Chidchob, tous liés à Buri Ram, souligne l’ancrage territorial du pouvoir et son fonctionnement en vase clos. La présence d’Anutin, venu présenter ses hommages alors que de nombreuses provinces du royaume sont sous les eaux, a choqué certains citoyens.
Cette logique de clan se reflète dans les nominations ministérielles. Le professeur Borwornsak Uwanno, juriste chevronné, a été nommé vice-Premier ministre chargé des affaires juridiques, avec pour mission probable de rédiger une nouvelle constitution. Bien que reconnu pour son expertise, son rôle pourrait servir à légitimer un cadre juridique favorable au maintien du pouvoir actuel, comme ce fut le cas avec la constitution de 2017, jugée moins démocratique que celle de 1997.
La nomination du général de police Rutthapon Naowarat au ministère de la Justice illustre encore cette dynamique. Issu d’une lignée policière et ancien chef de la police de Buri Ram, Rutthapon est étroitement lié au réseau Chidchob. Il hérite de dossiers sensibles, notamment le scandale foncier de Khao Kradong et des soupçons de corruption électorale. Sa proximité avec les acteurs impliqués soulève des inquiétudes quant à son impartialité.
Par ailleurs, l’ex-policier Santana Prayoonrat a accusé quatre cadres du Bhumjaithai d’avoir reçu des pots-de-vin de casinos cambodgiens, dénonçant une compromission de l’intérêt national. Le silence du parti et le refus d’Anutin de le rencontrer renforcent les soupçons d’opacité.
De son côté, le général de police Permpoon Chidchob, frère de Newin et ancien ministre de l’Éducation, a été nommé conseiller du Premier ministre Anutin. Permpoon, qui n’a pas laissé un souvenir impérissable à ce poste, n’est pas parvenu à améliorer un système éducatif en perdition. On ignore comment il pourrait aujourd’hui conseiller Anutin.
Un autre membre de la famille Chidchob, Chaichanok, le fils de Newin, siège actuellement au Cabinet en tant que ministre de l’Économie et de la Société numériques.
Enfin, Sophon Saram, autre figure de Buri Ram, a été nommé vice-Premier ministre, chargé de superviser des agences impliquées dans le litige foncier. Proche de Newin, il incarne la continuité d’un pouvoir régional consolidé. Son parcours politique et les actifs importants de sa famille illustrent l’enracinement local du clan Bhumjaithai.
Face à cette structuration clanique, les attentes populaires restent centrées sur la relance économique et la baisse du coût de la vie, selon un sondage Suan Dusit. Mais la confiance demeure fragile, les quatre mois à venir étant décisifs pour juger de la capacité réelle du gouvernement à répondre aux besoins du pays.
Au cours des quatre mois à venir, la stratégie du Bhumjaithai devrait suivre une ligne claire : élargir son assise parlementaire en attirant des députés issus d’autres partis, afin de métamorphoser une formation à forte implantation régionale — mais marginale à l’échelle nationale — en acteur central du pouvoir. Dans ce jeu d’alliances et de recompositions, l’objectif sera de démontrer, par tous les leviers disponibles, que Bhumjaithai, soutenu par l’appareil militaire, incarne le rempart le plus solide face aux tensions avec le Cambodge. sphères étatiques.