
Le nouveau Premier ministre thaïlandais, Anutin Charnvirakul, élu comme 32e chef du gouvernement, a prêté serment devant la photo du roi et entame son mandat dans un climat politique agité. Issu du parti Bhumjaithai, il a été propulsé au pouvoir grâce à un accord controversé avec le Parti du peuple, qui prévoit une dissolution anticipée de la Chambre des représentants dans les quatre mois. Malgré cette échéance courte, Anutin promet de se consacrer pleinement aux urgences du pays.
Quatre priorités pour un mandat express
Dès son entrée en fonction, Anutin a défini quatre axes majeurs d’action :
- Économie : réduction du coût de la vie, notamment dans les secteurs de l’énergie, du transport et de la logistique. Des mesures d’allègement de la dette sont prévues pour les agriculteurs et les ménages modestes, avec des programmes de création de revenus dans les communautés locales.
- Sécurité nationale : résolution pacifique des tensions frontalières avec le Cambodge, sans concession territoriale. Les foyers affectés devraient recevoir une indemnisation rapide.
- Gestion des catastrophes : renforcement des systèmes d’alerte et amélioration des dispositifs de soutien aux victimes de catastrophes naturelles.
- Lutte contre la criminalité : intensification des efforts contre le trafic de drogue, la traite humaine, les escroqueries en ligne et les jeux d’argent illégaux, en coopération avec les pays voisins.
Accusations de manœuvres politiques
Mais l’ascension d’Anutin ne fait pas l’unanimité. Une pétition déposée par des députés du Pheu Thai et de Prachachat demande à la Cour constitutionnelle de mettre fin à son mandat parlementaire, ainsi qu’à celui de Natthaphong Ruengpanyawut, leader du Parti du peuple. Les plaignants dénoncent un accord qui, selon eux, viole plusieurs articles de la Constitution en imposant une dissolution anticipée et en entravant l’indépendance des députés. La Cour est appelée à statuer sur leur éventuelle destitution.
Enquête sur le Sénat et soupçons de corruption
En parallèle, le Département des enquêtes spéciales (DSI) poursuit une investigation sur un réseau de blanchiment d’argent impliquant des sénateurs. Des soupçons pèsent sur un système de vote croisé, organisé par le Bumjaithai, entre candidats au Sénat. Sur les 72 témoins convoqués, seuls 18 se sont présentés. L’objectif est d’interroger 1 200 personnes dans 45 provinces d’ici fin septembre.
L’opinion publique penche pour une dissolution rapide
Selon un sondage Nida, 59,24 % des Thaïlandais souhaitent une dissolution immédiate de la Chambre, sans attendre les quatre mois prévus. Seuls 9,54 % préfèrent que le Parlement aille jusqu’au terme de son mandat en 2027. En matière de réforme constitutionnelle, 37,56 % des sondés expriment un fort désir de changement, tandis que 28,17 % n’en voient pas la nécessité.
Un autre sondage, réalisé par Suan Dusit, révèle que les attentes envers Anutin sont claires : 68,26 % des répondants veulent qu’il s’attaque en priorité au coût de la vie. Suivent la résolution du conflit avec le Cambodge (49,03 %), la relance économique (44,58 %), la lutte contre la corruption (33,59 %) et les inégalités sociales (33,08 %).
Confiance prudente, mandat sous surveillance
Malgré les controverses, 56,09 % des personnes interrogées disent avoir une confiance modérée dans la capacité d’Anutin à résoudre les problèmes du pays. Et 76,66 % soutiennent l’idée d’une dissolution rapide pour ouvrir la voie à de nouvelles élections.
Le mandat d’Anutin commence donc sous haute tension, entre promesses de réforme et soupçons d’arrangements politiques. Reste à voir s’il tiendra ses engagements avant l’échéance cruciale de la dissolution parlementaire.