
Jeudi, le Conseil médical de Thaïlande a confirmé des sanctions contre trois médecins impliqués dans l’hospitalisation prolongée de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, permettant à ce dernier de purger sa peine hors prison, dans une suite luxueuse de l’hôpital de la police. Deux médecins voient leurs licences suspendues et un troisième reçoit un avertissement, le conseil estimant qu’aucune preuve n’attestait d’une maladie suffisamment grave pour justifier le transfert en suite VIP à l’hôpital général de la police.
Cette décision, validée par plus des deux tiers des membres du Conseil, s’appuie sur des principes médicaux et factuels. Elle annule le veto du ministre de la Santé publique (Pheu Thai), Somsak Thepsuthin, qui, en tant que président honoraire du Conseil, avait plaidé pour reconsidérer les sanctions, évoquant des inquiétudes éthiques et la peur que la décision n’inhibe la pratique médicale dans le futur. Il a été hué en quittant la réunion.
Le Conseil n’a pas encore précisé la durée des suspensions, mais a indiqué que les médecins concernés avaient fourni des documents médicaux jugés mensongers. Ces derniers nient toute faute.
C’est bien sûr un grave revers pour Thaksin qui a cherché, par « son » ministre de la Santé, de leur éviter une sanction.
Des rumeurs font état de pressions exercées sur les membres du Conseil avant le vote, notamment par des offres de faveurs dans le but que ces membres se rangent du côté du gouvernement et ne sanctionnent pas les médecins. S’il existe des preuves de ces tentatives de corruption, le cas de Thaksin se compliquerait encore davantage.
Vendredi, la division pénale de la Cour suprême pour les titulaires de postes politiques a lancé une enquête judiciaire sur l’application de la peine de prison de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra. Le premier témoin entendu fut Manop Chomchuen, chef de la prison préventive de Bangkok. À la suite de cette audition, le tribunal a ordonné la convocation de 20 témoins supplémentaires, incluant des médecins, des infirmiers du service médical pénitentiaire, ainsi que l’agent de service chargé de la surveillance nocturne. Sahakarn Petchnarin, directeur général du Département des services pénitentiaires, figure aussi parmi les témoins attendus.
L’affaire trouve son origine dans une pétition de Chanchai Issarasenaruk, ancien député, qui a demandé un examen de la légalité de la faveur octroyée à Thaksin lui permettant de purger sa peine dans le luxe plutôt qu’en prison. La Cour a reconnu que les documents soumis soulevaient des doutes sérieux.
La Cour cherche à déterminer si l’exécution de la peine a respecté les principes de légalité et d’égalité devant la loi, ou si Thaksin a bénéficié d’un traitement privilégié. Conformément à la loi organique de 2017, le tribunal dispose du pouvoir d’ouvrir une enquête en cas de doute légitime. Les prochaines audiences auront lieu les 4, 8 et 15 juillet.
C’est bien sûr un autre grave revers pour Thaksin, qui semble avoir effectivement bénéficié de privilèges. La question maintenant est de savoir s’ils étaient justifiés eu égard à son âge et aux fonctions importantes qu’il a exercées dans le passé.