L’analyste philosophe anonyme de THAI ENQUIRER du pseudo de VOLTHAI nous livre ici une autre adaptation thaïlandaise d’un grand mythe de l’humanité. Il avait expliqué récemment comment Pita, le Move Forward et les pro-démocratie thaïlandais en général ressemblent à Sisyphe et ne se lassent pas de faire monter leur rocher en haut de la montagne Thaïlande avant que le régime ne la fasse retomber. Jusqu’au jour où.
Nouvelle livraison de VOLTHAI
Le paysage politique de la Thaïlande a toujours été tumultueux mais il a pris une tournure tragique au cours des dernières 48 heures. Le parti Pheu Thai, longtemps présenté par ses partisans comme politiquement avisé, se retrouve pris dans une situation compliquée, de sa faute.
Un pacte faustien, scellé dans les coulisses embrumées de Bangkok, Hong Kong et Singapour, a conduit le parti Pheu Thai, sur le chemin de la perdition, à vendre son âme au diable.
La stratégie adoptée par le parti Pheu Thai cumulent mauvais calculs et impatience.
Le parti disposait d’une alternative claire :
1- consolider un bloc d’opposition avec le Parti Move Forward (MFP)
2- poursuivre une alliance avec les huit partis pro-démocratie.
L’une ou l’autre stratégie leur aurait permis d’exercer une pression collective sur le Sénat et l’establishment conservateur (régime).
Un blocage de onze mois aurait fait du sénat non élu une force épuisée et déconsidérée. Un simple point clignotant sur le radar politique. Ceci Puisque ce blocage aurait été imputable au Sénat qui refuse le résultat des élections et non aux deux partis vainqueurs des élections qui auraient joué la partition normale de partis démocratiquement élus.
Pourtant, Pheu Thai a choisi un raccourci piégeux et piégé : celui qui permettrait (toujours au conditionnel à ce jour) à son leader maximo de revenir plus rapidement au pays et à ses cadresd’être les principaux acteurs du gouvernement. Cette décision a été prise imprudemment or, faire attention est crucial pour naviguer dans l’environnement hostile de la politique thaïlandaise.
Cette hâte, plus proche de la crise de démence que du courage, menacent les gains durement acquis dans les urnes pour lesquels les électeurs et dirigeants pro-démocratie sincères ont si laborieusement travaillé.
Dès que le Pheu Thai a jeté MFP par dessus bord, le régime a saisi l’occasion. Une décision de justice a reporté le vote pour le choix du 1er ministre, des rumeurs sur le candidat naturel de PT ont vu le jour et tout aussi rapidement, les négociations en coulisses se sont accélérées. Bhumjai Thai et Palang Pracharath, épuisés et marginalisés, débordent soudain de confiance en voyant le fossé entre le MFP et le PT. Enhardis par la folie de Pheu Thai, ils sont prêts à passer à l’action.
Et maintenant, alors que l’histoire apporte amertume et imprévus, la hâte et l’orgueil du Pheu Thai pourraient imposer au peuple thaïlandais la perspective d’Anutin Charnvirakul ou de Prawit Wongsuwan comme premier ministre. Donc le retour à case départ, celle de 2019. Les élections de 2023 seront tout simplement effacées des tablettes.
Cette situation est un exemple classique de la façon dont une seule erreur de calcul peut avoir des effets considérables. L’ambition d’un égoïste égotiste (Thaksin) et l’incompétence d’un parti (Pheu Thai) ont fait reculé la Thaïlande sur le chemin vers la démocratie.
S’il est trop tôt pour prédire l’avenir, une chose est claire : le Pheu Thai aura du mal à se remettre de cette débâcle, prédit VOLTHAI.
Devant la brutalité du régime et de ses sbires (les sénateurs et la justice), seule la détermination peut éviter la déroute. Les atermoiements de Wan Noor, le président du parlement, et les trahisons répétés de Pheu Thai sont autant de défaites de la démocratie.
La pusillanimité de Wan Noor interroge. Il semble agir avec le même logiciel que lors de son premier passage au perchoir, au siècle dernier, quand ménager la chèvre et le chou (peu importe le résultat des élections) et obéir au régime faisait partie de sa feuille de route.
Le régime a toujours su que l’appât du gain lié à quelques portefeuilles ministériels sera plus fort que des idéaux que de toute façon les élus Pheu Thai ne comprennent pas.
Ce samedi matin, Thaksin annonce que son retour est repoussé du 4 au 17 août. Y-a-t-il encore quelqu’un pour le croire alors que c’est sa 15e promesse en quelques mois et alors que le régime a toujours moins de raisons de lui épargner la prison à la descente de l’avion.
Quant aux « chemises rouges » la partie sincèrement pour la démocratie de l’électorat Pheu Thai, ils commencent à brûler leurs chemises rouges. Le parti démocrate a demandé à l’armée de leur tirer dessus à balles réelles en 2010. Comment pourraient-ils maintenant fricoter avec ce parti et ces militaires ?
Saksith Saiyasombut, le grand analyste de CNA affirme « À tout le moins, on peut affirmer de manière certaine que ce qu’il adviendra de Thaksin après sont retour mais en ce moment l’objet de marchandage intense en arrière-plan. C’est le résultat de ces maudites élections. » Saksith ne condamne pas les élections mais la façon dont les résultats sont exploités par certains.
Il nous demande aussi : « Avez-vous remarqué à quel point tous ces ultra-royalistes autoproclamés et anciens chemises jaunes qui voulaient que Thaksin soit jeté en enfer depuis près de 20 ans sont soudainement silencieux ? «
Thaksin prétend que ce sont des problèmes de santé qui ont entraîné le report de son retour, preuve s’il en était besoin qu’il prend les électeurs de son parti pour des idiots, selon l’autre grand journaliste Pravit Rojanaphruk.
De son côté Pita continue de s’exprimer tant qu’il n’est pas encore privé de ses droits.
Vendredi, le chef du Parti Move Forward (MFP), Pita Limjaroenrat, a fait allusion à la dégradation de la démocratie thaïlandaise en exhortant les jeunes étudiants à s’emparer de l’avenir de leur pays.
M. Pita a pris la parole lors d’une conférence à l’Université Thammasat, parlant du thème de la démocratie, de la liberté et de l’équité – considérés comme les trois piliers d’une société créative.
« Nous sommes dans un monde où la démocratie, la liberté et la justice reculent », a déclaré M. Pita, » Quand on regarde la Thaïlande, pourquoi le pouvoir du peuple est-il contrebalancé par un pouvoir qui ne vient pas du peuple ? »,
« La Thaïlande a besoin d’une nouvelle génération pour redéfinir la démocratie, la liberté et la justice dans le pays, apprendre du passé et définir l’avenir. C’est l’énergie de la nouvelle génération (dont on a besoin), et il est temps de voir grand », a-t-il déclaré. M. Pita a exhorté les étudiants à acquérir autant de connaissances que possible et à sortir des sentiers battus pour changer le pays.