Le leader de PRACHACHART, Wan Muhamad Noor Matha, qui a été élu président de la Chambre des députés comme prévu ce matin (4 juillet), est un acteur clé de la scène politique thaïlandaise depuis des décennies, ayant déjà occupé ce poste une fois ainsi qu’un certain nombre de maroquins.
Son élection au perchoir s’est déroulée sans opposition et a suivi un accord tardif entre les partis Move Forward, Pheu Thai et les 6 autres partis de la coalition mettant ainsi fin à un conflit larvé qui a traîné pendant des semaines.
Né le 11 mai 1944 dans la province de Yala, Wan Noor a terminé ses études au Collège islamique de Thaïlande à Bangkok. Il a ensuite obtenu un diplôme en éducation de l’Université de Chulalongkorn, puis, avec une bourse du ministère de l’Intérieur, une maîtrise en administration de l’éducation de cette même université.
Il a été élu pour la première fois député de Yala en 1979 sur une liste du Parti d’action sociale. En 1984, il rejoint le Parti démocrate où il est élu député pour un second mandat.
Wan Noor et le secrétaire général du Parti démocrate Veera Musikapong ont ensuite créé la faction Wahdah puis formé le Parti Prachachon sous la bannière duquel il est revenu comme député pour un troisième mandat.
En 1992, il a rejoint le parti New Aspiration et a de nouveau été élu député, après quoi il a rejoint le parti Thai Rak Thai (Thaksin) en 2002, passant également au parti Pheu Thai (Thaksin), avant de créer le parti Prachachart en 2018.
Il a occupé plusieurs portefeuilles ministériels, dont celui de vice-ministre de l’Intérieur puis ministre de l’Intérieur; Ministre des Transports ; Ministre de l’Agriculture et Vice-Premier Ministre en 2004, donc sous Thaksin.
En 1996, il a été choisi comme président de la Chambre, c’était la première fois qu’un musulman dirigeait le pouvoir législatif thaïlandais et il a de nouveau été honoré de la même manière aujourd’hui.
Le deuxième vice-président de la Chambre est Pichet Chuamuangphan, un député de Chiang Rai du parti Pheu Thai. Il se présentait sans opposition.
Ainsi la droite n’a pas présenté de candidat contre Wan Noor et Pichet mais en a présenté contre Padipat, Move Forward, qui postulait pour le poste de premier vice-président.
Son opposant était Wittaya Kaewparadai du United Thai Nation Party (extrême droite, parti de Prayut).
Padipat a reçu 312 voix. Wittaya en a obtenu 105. 77 députés se sont abstenus et deux votes n’étaient pas valables. Selon les rumeurs, le Bumjaithai d’Anutin s’est abstenu, ce qui voudrait dire que le parti démocrate dans une énième auto-trahison aurait voté pour l’extrême droite.
On comprend donc que la coalition a fait le plein de ses voix mais pas l’opposition de droite puisque 77 députés se sont abstenus.
On peut facilement extrapoler à propos de ce qui se passera dans deux semaines au moment de choisir le premier ministre. La droite ne cabrera moins contre un candidat Pheu Thai que contre Pita. Ce dernier est encore plus détesté par la droite que Pichet.
Les sénateurs voteront principalement pour un candidat de droite mais pourrait s’abstenir contre un candidat Pheu Thai. Ils feront tout pour bloquer Pita. Ce dernier est optimiste mais les observateurs, thaïlandais et étrangers, ne voient pas comment il pourrait gagner.
Maintenant, tout dépend du candidat de droite. Au premier tour, il devrait y avoir éparpillement des voix. Si, in fine, le candidat de droite est Prawit Wongsuwan, ce dernier a une réelle chance. Mais !
Mais ! ce matin, Les internautes se sont moqué à nouveau du chef du parti Phalang Pracharath, le général Prawit, putschiste et toujours vice-Premier ministre, s’endormant encore et encore au parlement. On ne sait pas l’image d’un homme qui dort tout le temps est de nature à galvaniser les Thaïlandais.
Le sénateur nommé par la junte, Somchai Sawaengkarn, a posté sur FB mardi un message disant que « l’inexpérimenté » Move Forward a pris une mauvaise décision en laissant le perchoir à un député venant d’un autre parti. Il a ajouté que le candidat Pi ne sera pas choisi comme Premier ministre, et que donc le MFP finira dans l’opposition pendant 4 ans.
En effet, un scénario possible ferait que Pita, dans l’impossibilité de se faire élire, jette l’éponge et qu’un candidat Pheu Thai soit élu AVEC les voix de droite, créant de facto la coalition qui embarrasserait tout le monde.
On n’en est pas là et Pita voit le verre à moitié plein. Le projet de loi progressiste sur les boissons alcoolisées, celui sur le mariage pour tous, celui sur les peuples autochtones ne seront ni bloqués ni retardés par le nouveau président de la Chambre, affirme Pita Limjaroenrat.
Pita a déclaré que le président de la Chambre, Wan Muhamad Noor Matha, était d’accord sur ces questions lorsque le MFP lui a parlé de sa nomination pour le poste. On ne mentionne pas le sujet qui fâche, la loi sur lèse majesté.
Pita a également expliqué que le MFP a décidé de céder le siège à Wan Noor afin de préserver l’unité à long terme entre les partis de la coalition. Il affirme qu’il n’y a pas eu compromis mais consensus au sein de la coalition.
A l’extrême droite, l’UTN se positionne comme l’opposé idéologique de Move Forward peu importe qui formera le prochain gouvernement.
Le chef de l’UTN, Peerapan, explique pourquoi le parti à lancé Wittaya contre Pichet au poste de vice-président. Cela envoie un message : l’UTN n’a pas contesté la présidence, qui est allée à Prachachart, ni l’autre vice-président, qui est allée au Pheu Thai. Ainsi, l’UTN ne combattra que le Move Forward.
Cependant, ce mardi soir, Les sénateurs Somchai Sawangkarn et Seree Suwanpanont ont déclaré que le MFP devrait reconsidérer la modification de la loi de lèse-majesté s’il veut que les sénateurs votent pour Pita Limjaroenrat au poste de Premier ministre, laissant entendre que cela reste possible.
Bien que le parti Move Forward ait activement souhaité l’amendement de la loi de lèse-majesté au cours des 4 dernières années, le sénateur Somchai doute du soutien des électeurs du MFP à cet amendement. Il pose « la » question car si son analyse est erronée, la Thaïlande pourrait entrer en turbulence.
Somchai a souligné que le retrait de l’amendement permettrait d’éviter les conflits. Il a également déclaré qu’il n’était pas d’accord avec un projet de loi d’amnistie pour des prisonniers politiques que le MFP et le Pheu Thai veulent faire passer.
