L’économie thaïlandaise a progressé de 2,3 % au deuxième trimestre 2024 par rapport à l’année précédente, selon des données officielles publiées lundi, dépassant les attentes des analystes, qui tablaient sur une croissance de 2,1 %. Ce léger mieux est dû à la consommation des ménages, les exportations, le secteur de l’hôtellerie et de la restauration et la logistique.
Sur une base trimestrielle, la deuxième économie d’Asie du Sud-Est a enregistré une croissance désaisonnalisée de 0,8% au cours du trimestre avril-juin, selon les données du Conseil national de développement économique et social, juste en dessous des prévisions de 0,9%.
Au premier trimestre 2024, le PIB avait augmenté de 1,6 % sur l’année et de 1,2 % sur le trimestre. Des taux extrêmement bas. Les 2,3 % annoncés aujourd’hui représentent donc une amélioration mais restent très loin des taux de croissance des pays voisins et comparables, tous (Philippines, Vietnam, Indonésie et Malaisie pourtant une économie mature) aux alentours ou au-dessus des 5 %.
L’infographie ci-dessus montre un taux de croissance de 2,4 % pour la Thaïlande. Il s’agit des prévisions pour l’année 2024. Le différentiel avec les voisins est cruel. La manne de 10000 thb si tant qu’elle soit distribuée n’apportera qu’un point de croissance (disons entre 0,5 et 1,5 %) et risque de coûter très cher au royaume en 2025 car les fonds octroyés n’apportent aucune croissance durable et auraient pu être utilisés pour dynamiser l’économie.
A date, la nouvelle première ministre Paetongtarn Shinawatra reste floue quand on lui demande si 45 – 50 millions de Thaïlandais recevront cette somme. Si le Pheu Thai réalise qu’il s’agissait d’une « fausse bonne idée », le changement de Premier ministre lui permettra de ranger le projet sur une étagère. Il est cependant certain que Paetongtarn mettra en place des mesures de relance.
Aat Pisanwanich, analyste indépendant, a déclaré au Bangkok Post que le défi majeur de Paetongtarn est le sauvetage des petites et moyennes entreprises (PME) thaïlandaises, qui luttent contre l’afflux de produits bon marché chinois. De nombreuses PME thaïlandaises, incapables de rivaliser ont mis la clé sous la porte, créant un effet d’entraînement et réduisant finalement le pouvoir d’achat national à mesure que les gens perdent leur emploi ou voient leurs revenus diminuer, a-t-il déclaré. Le pire qui pourrait arriver à l’économie thaïlandaise, c’est que la manne serve à acheter des babioles chinoises.
Selon lui, le nouveau gouvernement devrait obliger les investisseurs étrangers à participer à l’économie locale et améliorer la compétitivité du pays dans les secteurs agricole et industriel (il ne dit pas comment). Il rappelle que Les coûts du pétrole en Thaïlande sont plus élevés qu’en Malaisie, tandis que les prix de l’électricité y dépassent ceux du Vietnam.
Montri Mahaplerkpong, de la Chambre de commerce internationale déclare « Les investisseurs ne feront rien. » dans un premier temps. Ils attendent de voir ce qui ne va pas dynamiser l’économie du pays. Il ajoute « Si le nouveau gouvernement réussit à s’attaquer à l’endettement des ménages, il pourrait inciter les investisseurs à s’impliquer davantage, cela stimulerait l’économie ».
Kriengkrai Thiennukul, de la Fédération des industries thaïlandaises, a exprimé son inquiétude quant à l’impact du verdict de destitution de M. Srettha, soulignant que cela pourrait affecter les projets d’investissement étranger. En effet, rien ne dit que Paetongtarn sera encore en place dans un an.