
Phra Thamma Wachiratheerakhun avec sa perruque et l'une de ses femmes
Depuis plusieurs jours, le général de division Jaroonkiat Pankaew, surnommé « Big Tao » et numéro deux du Bureau central d’enquête (CIB), sillonne les temples de Thaïlande. Son objectif : interroger les moines de haut rang accusés de comportements indécents, dès qu’ils ont quitté la robe. Ce raid intervient dans un contexte de scandales croissants au sein de l’ordre monastique, dévoilés à la suite d’une perquisition au domicile de Dame Wilawan « Sika Golf » Emsawat. Cette dernière est aujourd’hui en détention pour détournement de fonds religieux, mais les policiers ont surtout mis la main sur un vaste stock d’images compromettantes impliquant plusieurs moines influents.
Depuis, plus d’une dizaine de religieux ont été défroqués, tandis que le gouvernement fait pression pour une réforme morale du clergé. En réponse, le CIB a inauguré le « Centre pour la promotion et la préservation de la discipline et de l’éthique bouddhistes », destiné à recueillir les plaintes des citoyens contre des moines déviants.
Big Tao, 56 ans, est un enquêteur aguerri, diplômé de l’Académie royale des cadets de la police. Il s’est illustré dans plusieurs affaires retentissantes, notamment le scandale de Wat Rai Khing où 2 milliards de bahts ont été saisis, ou encore celui de Yaem Inkrungkao, condamné pour avoir transféré des sommes colossales à une femme courtier en jeux d’argent.
L’affaire la plus médiatisée du moment concerne l’ancien abbé de Wat Nakhon Sawan, Phra Thamma Wachiratheerakun, devenu laïc sous le nom de Thid Sarit. Accusé d’avoir entretenu des relations amoureuses avec trois femmes, dont une haut fonctionnaire et une femme d’affaires qu’il aurait soutenue financièrement pendant 15 ans, il est désormais sous le coup d’une enquête pour détournement de fonds. Ces soupçons se concentrent autour du projet de parc bouddhiste de Nakhon Sawan, retardé depuis une décennie, pour lequel des temples auraient versé plus de 100 millions de bahts.
Le scandale met en lumière la vulnérabilité du système de régulation religieux en Thaïlande et soulève des interrogations sur la transparence et la moralité du haut clergé. La mission de Big Tao pourrait ainsi ouvrir la voie à une refondation éthique de l’ordre monastique bouddhiste.