
Le ministère thaïlandais de l’Intérieur a autorisé le Département des terres (Cadastre) à entamer la révocation des titres fonciers couvrant près de 800 hectares à Khao Kradong, dans le district de Muang, soit dans la ville de Buri Ram. Cette zone inclut notamment le grand stade Chang Arena et le circuit international Chang, propriétés de la puissante famille Chidchob, fondatrice du parti Bhumjaithai.
Selon le ministre de l’Intérieur Phumtham Wechayachai, 20 parcelles totalisant 46 hectares, où sont situés les infrastructures sportives, ont été acquises illégalement. La Cour suprême en 2018 et le tribunal administratif central en 2023 ont confirmé que l’ensemble du terrain appartient à la State Railway of Thailand (SRT), l’entreprise ferroviaire nationale.
Phumtham insiste : cette décision n’est pas motivée par des considérations politiques, malgré les soupçons de représailles contre le Bhumjaithai, qui a quitté la coalition gouvernementale dirigée par le Pheu Thai. Il s’agit, selon lui, de corriger une injustice, le Département des terres ayant ignoré pendant des années les décisions judiciaires.
Le terrain de Khao Kradong est divisé en 850 parcelles, occupées par divers individus, parfois de la famille Chidchob. Une commission d’enquête a été mise en place le 21 juillet par le vice-ministre de l’Intérieur Det-it Khaothong pour comprendre pourquoi les anciens responsables du Cadastre ont refusé d’annuler les titres, alors que la loi leur en donnait le pouvoir. Anutin Charnvirakul, président du Bumjaithai, était ministre de l’Intérieur encore récemment.
Toutefois, la procédure pourrait être retardée : le directeur général du Cadastre, Pornpote Penpas, a récemment demandé son transfert. Ce blocage administratif s’ajoute à une longue série d’entraves, souvent attribuées à l’influence du Bhumjaithai sur le ministère de l’Intérieur jusqu’à cette année.
Newin Chidchob, fondateur du Bhumjaithai et acteur majeur du développement sportif à Buri Ram, est considéré comme le véritable chef du parti. Ses liens avec les infrastructures concernées renforcent la sensibilité politique du dossier.
Phumtham précise que les occupants ayant acquis les terres de bonne foi pourront saisir la justice ou bénéficier d’un bail de l’État. Le gouvernement cherche ainsi à concilier respect des décisions judiciaires et équité envers les résidents.
Ce dossier emblématique illustre les tensions entre pouvoir politique, justice foncière et intérêts locaux dans une Thaïlande en quête de transparence.