Exactement 37 jours avant que Hun Manet, premier ministre cambodgien, ne s’envole pour Bangkok le 7 février pour une visite officielle d’une journée, le Cambodge a étendu l’accès par la frontière thaïlandaise à Siem Reap, où se trouve Angkor Wat pour les détenteurs d’un simple « passe ». Il s’agit d’un acte de bonne volonté après la visite du Premier ministre thailandais Srettha Thavisin à Phnom Penh en septembre – sa première destination officielle à l’étranger après avoir été élu dirigeant thaïlandais.
Pour mémoire, les Thaïlandais peuvent entrer au Cambodge avec un passeport et sans visa, pour 14 jours.
Les résidents de sept provinces thaïlandaises – Trat, Chanthaburi, Sa Kaeo, Buriram, Surin, Si Sa Ket et Ubon Ratchathani – peuvent traverser la frontière vers le territoire cambodgien adjacent sans aucun passeport. De même, les habitants de sept provinces cambodgiennes – Koh Kong, Pursat, Battambang, Pailin, Banteay Meanchey, Oddar Meanchey et Preah Vihear – peuvent passer la frontière vers la Thaïlande, sans passeport pour les provinces adjacentes.
Depuis le 1er janvier, les détenteurs d’un pass thaïlandais sont autorisés à se rendre à Siem Reap sans passeport pour visiter l’une des sept merveilles du monde, le parc archéologique d’Angkor.
Cette nouvelle mesure favorisera une augmentation du nombre de touristes thaïlandais à Angkor. Bien que la nouvelle mesure soit valable six mois, elle sera renouvelée automatiquement sauf décision contraire. Le Cambodge a également autorisé la Thaïlande à ouvrir un consulat à Siem Reap.
En marge du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, Hun Manet a rencontré M. Srettha pour promouvoir le tourisme bilatéral sur un autre site historique, le temple de Preah Vihear.
Étant donné les excellentes relations entre les deux pays, les deux dirigeants pourraient s’entendre sur l’accès au temple par la Thailande. Pour ce faire, ils doivent pour l’instant laisser de côté leurs revendications frontalières et travailler pour faciliter le passage des frontières dans les zones les plus «sensibles».
Après des affrontements armés en 2011, le Cambodge a porté plainte contre la Thaïlande devant la Cour internationale de Justice en 2013. La CIJ a rendu un verdict exigeant le retrait des troupes thaïlandaises des zones contestées. Pour les deux pays, une décennie qui aurait pu bénéficier aux échanges entre les peuples et à la promotion du tourisme a été perdue.
Les touristes thaïlandais pourraient entrer dans le temple par le district de Kantharalak, province de Si Sa Ket, un accès qui est bloqué depuis 2008. De même, les touristes cambodgiens pourront entrer par le Pha Mor E-Daeng dans le parc national de Khao Phra Viharn.
Les Thaïlandais sont actuellement les étrangers les plus nombreux visitant le Cambodge, avec 1,82 million en 2023, suivie des Vietnamiens, 1,01 million, des Chinois, 547 789 et des Laotiens, avec 372 285. La Thaïlande et le Cambodge ont également convenu d’un système de visa commun pour promouvoir le tourisme dans leurs pays. Les touristes titulaires d’un visa thaïlandais ou cambodgien peuvent également visiter les deux pays.
Hun Manet et M. Srettha se rencontreront à nouveau cette semaine à Bangkok pour discuter plus en détail d’une question plus sensible impliquant une vaste zone de revendications contestées dans le golfe de Thaïlande. Mais à Davos, les deux dirigeants se sont engagés à négocier un plan de développement commun.
La pomme de discorde concerne les 27 000 km² contestés du golfe de Thaïlande, qui pourraient contenir 311 485 312 m3 de gaz naturel et de pétrole. Le Cambodge a délimité la zone à l’ouest en 1972, tandis que la Thaïlande a fait une demande reconventionnelle à l’est en 1973. Compte tenu des changements géopolitiques actuels et des incertitudes économiques, en particulier en matière de sécurité énergétique, leurs plans de développement conjoints seraient mutuellement enrichissants.
Avant 2014, les relations entre la Thaïlande et le Cambodge étaient difficiles et imprévisibles, en raison de l’action de nationalistes extrémistes thaïlandais. Mais les relations se sont nettement améliorées au cours de la dernière décennie sous les anciens premiers ministres, Hun Sen et Prayut Chan-o-cha.
M. Srettha et Hun Manet peuvent renforcer davantage leurs liens. Ils ont pris la direction de leur pays respectif au même moment.
Dans la longue histoire des relations entre la Thaïlande et le Cambodge, pleines de conflits frontaliers et de suspicion, la confiance mutuelle au plus haut niveau est une condition préalable au renforcement de la coopération et du développement économique.
Par exemple, les deux pays souhaitent partager leur prospérité en augmentant les investissements et le commerce bilatéral qui devrait atteindre 1,5 milliard de dollars (53 milliards de bahts) d’ici la fin de l’année prochaine.
Preah Vihar
