Selon ThaiPBS, l’agence nationale de presse, Les élèves sont retournés à l’école pour la nouvelle année scolaire la semaine dernière et ils ont constaté que rien n’avait changé dans le système éducatif thaïlandais confiné dans le passé et fier de sa médiocrité.
« L’éducation thaïlandaise est toujours coincée dans l’ère 2.0 au lieu d’entrer dans l’ère 5.0 », commente l’éminent pédagogue le Dr Sompong Jitradub lors de la rentrée 2024.
Il a déclaré que les réformes éducatives tant vantées étaient pour la plupart matérielles et axées sur des bâtiments, des toilettes plus propres, l’embauche de concierges et de personnel administratif dans les écoles, ainsi que des salaires plus élevés pour les enseignants.
Mais les réformes portant sur l’essence même de l’éducation sont complètement oubliées, a-t-il ajouté.
On l’a déjà dit ici, les résultats au test PISA sont au plus bas depuis que le pays a rejoint le programme au début des années 2000.
Sompong a déclaré que le gouvernement actuel n’avait réalisé aucun progrès réel depuis huit mois. Il n’y a eu ni véritable réforme éducative ni réduction significative des inégalités, a-t-il déclaré.
Pendant des décennies, les performances des écoles rurales en Thaïlande ont été nettement inférieures à celles des villes. « D’après ce que j’ai observé, le gouvernement essaye juste de réparer le système éducatif actuel. Mais il n’a pris aucune mesure pour apporter les améliorations désespérément nécessaires à tous les niveaux », a déclaré Sompong, de l’université Chulalongkorn.
Il a cependant noté que le ministre de l’Éducation, le policier Permpoon Chidchob, du parti Bhumjaithai, avait été attentif aux demandes et avait répondu rapidement aux propositions mineures.
Par exemple, après avoir appris que les toilettes d’une école étaient délabrées, il a envoyé un budget pour des réparations rapides. C’est le genre de choses qu’un policier maîtrise et qui permettent de marquer des points auprès des électeurs.
De même l’abandon d’une règle obligeant les enseignants à surveiller à tour de rôle leurs écoles la nuit ou le week-end après qu’une enseignante a été agressée pendant son service est une mesure utile et populaire.
Permpoon s’est également attaqué au problème chronique de l’endettement des enseignants et a soutenu leur augmentation de salaire.
« Cependant, il n’a strictement rien fait en matière de développement des enfants. Au contraire, la réforme de l’éducation a échoué ou échouera sous le gouvernement actuel », a déclaré Sompong.
La loi sur l’éducation nationale est en vigueur depuis 1999. Les critiques affirment que le projet d’éducation thaïlandais, vieux de 25 ans, n’a pas réussi à suivre le rythme de l’évolution rapide du monde.
L’administration précédente a réagi en élaborant un nouveau projet de loi sur l’éducation, qui a franchi la première lecture au Parlement. Mais le projet de loi, très critiqué de part et d’autre, a été abandonné dès que le gouvernement Prayut a quitté le pouvoir.
Une commission parlementaire a commencé à rédiger un nouveau projet de loi peu après la formation du gouvernement Pheu Thai en août dernier.
« Cela signifie que le processus de rédaction vient de recommencer. Cela s’ajoute au fait que le programme de base n’a pas été mis à jour depuis 2008 », a déclaré Sompong.
La députée du parti Move Forward, Paramee Waichongcharoen, qui siège à la commission, a cependant déclaré que le projet devrait être prêt à être examiné par le Parlement en juillet.
Le ministère de l’Éducation de son côté dit promouvoir « de bons résultats scolaires et le bonheur ». C’est simpliste. « Nous avons demandé à tous les bureaux régionaux des services éducatifs de mettre en œuvre cette politique », a déclaré Thanu Wongchinda, du Bureau de l’éducation de base.
Il a déclaré que son agence avait aussi encouragé les écoles à réduire les devoirs des élèves. Permpoon a également demandé aux écoles d’assouplir les règles sur les uniformes, affirmant que les élèves devraient être autorisés à porter ce qu’ils veulent à condition que cela soit approprié.
Quant au problème des abandons scolaires, Sompong a proposé que les enseignants puissent visiter les domiciles des élèves à risque. Cette mesure existe depuis longtemps.
« Les parents les plus pauvres pourraient envisager de retirer leurs enfants de l’école [pour travailler] dans l’espoir de réduire leurs dépenses et d’augmenter leurs revenus », a-t-il déclaré. Environ 1,02 million d’enfants âgés de 3 à 18 ans ne vont pas à l’école en raison de la pauvreté, selon Sompong.
Dans le passé, les enfants de familles à court d’argent abandonnaient leurs études à la fin du collège. Mais aujourd’hui, les enfants doivent quitter l’école avant même d’avoir terminé le primaire, a-t-il expliqué, sans apporter de statistiques fiables. S’il dit vrai c’est un terrible retour en arrière.
Sompong exhorte le gouvernement à se concentrer sur la politique « Thaïlande zéro décrochage ».
« Le gouvernement devrait également impliquer le secteur privé dans ces efforts », a-t-il poursuivi. Il a évoqué le modèle en place dans la province de Ratchaburi, où un partenariat public-privé a réussi à convaincre 8 000 des plus de 14 000 décrocheurs de retourner à l’école avec des cours de « rattrapage ».
Cette initiative inédite s’adresse aux enfants défavorisés qui, même lorsqu’ils doivent s’occuper de leurs grands-parents âgés ou travailler pour nourrir leur famille, peuvent toujours étudier.
« Les mamans adolescentes ou les anciens toxicomanes peuvent également étudier dans le cadre de cette initiative. Ils ne sont pas obligés de venir à l’école tous les jours. Ils ont juste besoin d’étudier par eux-mêmes et de terminer leurs devoirs », a déclaré Sompong.
Sans soutien, les décrocheurs seront mal payés et Leurs faibles revenus affecteront également leurs propres enfants, alimentant un cycle de pauvreté.
Ce qui est inquiétant, c’est que la Thaïlande cherche à empêcher une détérioration et non à progresser.
Les élèves eux-mêmes ne demandent qu’une chose : apprendre. Or le système basé sur des principes militaires ne le permet pas. Quand le lever aux couleurs suivi d’un discours vide de sens, sous un soleil de plomb tient lieu de pédagogie, on ne retient pas grand chose de sa journée.
Prayut avait sciemment sacrifié l’enseignement pour que les jeunes ne réfléchissent pas trop, un projet contestable mais logique pour un putschiste.
Srettha fait la même chose mais sans justification. Il base tout sur le tourisme et les investisseurs étrangers en oubliant qu’il faut du personnel formé dans les hôtels et que ces investisseurs s’attendent à trouver des travailleurs capables, ce qui n’existe que trop rarement en Thailande.
