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Tensions à la frontière, tirs, mines… Face à l’escalade, Pékin et Kuala Lumpur appellent Bangkok et Phnom Penh à retrouver leur calme.
Le conflit frontalier entre la Thaïlande et le Cambodge a franchi un nouveau seuil cette semaine, avec l’explosion d’une mine terrestre ayant blessé des soldats thaïlandais dans la province de Si Sa Ket, suivie d’une fusillade meurtrière dans la province cambodgienne de Banteay Meanchey. En réaction, Bangkok a suspendu unilatéralement les engagements pris dans le cadre de l’accord de paix signé le 26 octobre à Kuala Lumpur.
Les équipes d’observateurs de l’ASEAN en Thaïlande et au Cambodge ont signalé que la mine qui a blessé des soldats thaïlandais cette semaine ne semblait pas ancienne.
Face à cette montée de tension, la Chine et la Malaisie ont décidé de hausser le ton — avec diplomatie. Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim a déclaré jeudi avoir échangé avec ses homologues thaïlandais et cambodgien, Anutin Charnvirakul et Hun Manet. Les deux dirigeants auraient réaffirmé leur volonté de résoudre le conflit par des moyens pacifiques, conformément aux engagements du Kuala Lumpur Peace Accord.
« Que les deux nations fassent preuve de courage et de détermination pour restaurer la stabilité à la frontière », a exhorté Anwar dans un message publié sur Facebook. Il a proposé que la Malaisie facilite les discussions entre les deux parties.
De son côté, la Chine a exprimé son inquiétude par la voix de Lin Jian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Pékin appelle les deux pays à « faire preuve de retenue », à « éviter toute escalade » et à « utiliser les mécanismes bilatéraux existants » pour trouver une solution acceptable.
En tant que voisin proche et partenaire stratégique des deux États, la Chine se dit prête à jouer un rôle constructif dans la désescalade. Une manière polie de dire : assez joué, il est temps de se parler sérieusement.
Le différend entre la Thaïlande et le Cambodge repose sur des litiges liés aux cartes frontalières héritées de l’époque coloniale. Après des affrontements meurtriers en 2011, la situation s’était stabilisée… jusqu’à cette année.
Alors que la région fait face à des enjeux économiques et sécuritaires majeurs, les voisins asiatiques appellent Bangkok et Phnom Penh à tourner la page des provocations. Car, dans ce jeu diplomatique, les enfantillages ont un coût — humain, politique et régional. Malheureusement, certains ont tout à gagner, sur le plan de politique intérieure, à un conflit qui dure.
Après s’être mis en scène comme artisan de paix à Kuala Lumpur en octobre, le président Trump reste silencieux face à la reprise des tensions entre Bangkok et Phnom Penh.


