
Les familles thaïlandaises classées comme « très pauvres », avec des enfants en âge d’aller à l’école, ont vu leur revenu mensuel moyen baisser à 1 039 bahts en 2023, contre 1 077 bahts par mois en 2020, a indiqué l’Equitable Education Fund (EEF) dans son rapport Rapport annuel 2023. On imagine que ces sommes s’entendent « par personne ».
Pendant ce temps, les milliardaires ont vu leurs immenses fortunes progresser.
Le revenu quotidien moyen de seulement 34 bahts par jour (de ces enfants) est bien inférieur au seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale qui s’élève à 80 bahts par jour, a indiqué l’EEF. Nul besoin de la Banque Mondiale pour savoir quel montant est notoirement insuffisant pour ne pas dire humiliant.
Cela signifie que les enfants de ce groupe courent un risque toujours plus élevé de ne pas pouvoir terminer l’enseignement obligatoire (Mathayom 3, équivalent à la 9e année ou 3e en France) parce que leurs familles n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins, indique le rapport.
Le rapport cite les statistiques de la plateforme ISEE (Information System for Equitable Education) selon lesquelles les familles appartenant au groupe des très pauvres sont regroupées dans des régions reculées de Thaïlande, la province de Mae Hong Son ayant la majorité (54,99 %) de ses élèves classés comme très pauvres – le taux le plus élevé du pays.
Les autres provinces avec un nombre élevé de familles très pauvres se trouvent soit dans la région du Nord, soit dans la région du Nord-Est, notamment Nakhon Phanom (45,21 %), Amnat Charoen (44,9 %), Kalasin (43,25 %) et Yasothon (41,94 %).
En revanche, le nombre d’élèves très pauvres dans les trois provinces frontalières du sud a diminué au cours des deux dernières années, a indiqué l’EEF.
Le rapport énumère quatre principaux facteurs qui poussent les élèves très pauvres à quitter l’école :
- L’endettement chronique des ménages contraint les familles proches du seuil de pauvreté à donner la priorité à la nourriture, au logement et aux soins médicaux avant l’éducation des enfants.
- L’Accès limité aux bourses étudiantes ainsi que le faible nombre de bourses disponibles. L’EEF a constaté qu’en 2023, seuls 5,14 % des étudiants appartenant au groupe très pauvre ont demandé des prêts au Fonds pour les étudiants. Ceux-ci ont peur de ne pas être en mesure de rembourser.
- Coût élevé des dépenses liées à l’éducation comme la cantine, les uniformes, et les frais de transport.
- Les frais d’inscription et d’examen, qui, selon l’EEF, coûtent entre 100 et 1 000 bahts par matière. Il est souvent demandé à ceux qui réussissent l’examen d’entrée de payer les frais de scolarité à l’avance. Ces frais varient de 10 000 à 20 000 bahts, a indiqué l’EEF.
L’EEF souhaite que le gouvernement et les agences concernées intensifient leurs efforts pour offrir des opportunités aux étudiants pauvres, notamment en prenant des mesures pour augmenter les revenus familiaux et en fournissant des prêts étudiants plus abordables. Pour mémoire, les patrons refusent l’augmentation des salaires à 400 bahts par jour.
L’EEF souhaite que les familles très pauvres se tournent vers l’éducation informelle, comme moyen pour leurs enfants d’acquérir les compétences et la formation nécessaires sans être accablés par les dettes.