
Un agent de sécurité thaïlandais de 34 ans, connu sous le pseudonyme « Virus », a été condamné à 15 ans de prison pour crime de lèse-majesté, après avoir publié cinq messages sur Facebook et TikTok jugés offensants envers le roi Vajiralongkorn et le défunt roi Bhumibol. La peine a été réduite à sept ans et demi, dont trois ans avec sursis, en raison de sa coopération avec la justice.
L’affaire a débuté par un conflit personnel avec une femme, qui l’a accusé d’avoir diffusé une vidéo d’elle sur les réseaux sociaux. En consultant son profil, elle a découvert des publications qu’elle a jugées diffamatoires envers la monarchie. Elle a ensuite alerté un groupe ultraroyaliste, qui a porté plainte.
Le 7 mai 2021, sept membres de ce groupe se sont rendus dans la banque où Virus travaillait, l’accusant publiquement d’insulte envers le roi. Une altercation a suivi, et une plainte a été déposée au poste de police de Chokchai, Bangkok. Virus a été informé des charges sans avoir reçu de convocation préalable.
Le déroulé de l’affaire illustre la raison pour laquelle certains Thaïlandais voudraient améliorer la loi 112. Ils souhaiteraient que seules des autorités compétentes et proches du Palais puissent porter plainte pour crime de lèse-majesté afin d’éviter que des conflits politiques ou personnels polluent les dossiers.
Lors du procès, « Virus » a plaidé coupable pour deux des cinq publications. Il a contesté les autres, notamment celle concernant le roi défunt, arguant que la loi pénale devait être interprétée strictement. Le tribunal a rejeté cet argument, estimant que toute atteinte à l’image du roi Bhumibol pouvait affecter la monarchie actuelle et la sécurité nationale.
La loi thaïlandaise concernant lèse-majesté, parmi les plus strictes au monde, prévoit jusqu’à 15 ans de prison par infraction. « Virus » était donc passible de 75 ans de prison. La loi est régulièrement critiquée pour son usage extensif et les longues peines de prison qui en découlent. Selon les données disponibles, plus de 260 personnes ont été poursuivies pour lèse-majesté ces dernières années.
Virus a déclaré qu’il ne publierait plus de contenu critique envers la monarchie. Le procureur, jugeant la peine trop clémente, pourrait faire appel. Son téléphone a été confisqué, et son avenir professionnel demeure flou.