
Le Cambodge a officiellement protesté contre les récentes actions de l’armée thaïlandaise à la frontière de la province de Banteay Meanchey, où des affrontements ont éclaté entre villageois cambodgiens et militaires thaïlandais. Ces tensions font suite à l’installation de nouvelles clôtures de barbelés et à des panneaux exigeant l’évacuation de 170 familles cambodgiennes vivant dans les villages frontaliers de Chouk Chey et O’Beichoan.
Les autorités thaïlandaises, sous l’ordre du gouverneur de Sa Kaeo, ont affiché des avertissements trilingues (thaï, anglais, khmer) menaçant les habitants de poursuites judiciaires s’ils ne quittaient pas les lieux. Le texte khmer, illisible, a provoqué la colère des villageois, qui ont tenté d’empêcher l’installation des barrières. Des heurts ont eu lieu, sous la surveillance de soldats cambodgiens non armés venus protéger la population.
Le gouverneur de Banteay Meanchey, Oum Reatrey, a dénoncé ces actions comme unilatérales et contraires aux accords bilatéraux, notamment le Mémorandum d’Entente de 2000 et l’accord de cessez-le-feu du 28 juillet 2025. Il a appelé à résoudre le différend via les mécanismes officiels du Comité Général de Frontière (GBC) et du Comité Mixte de Délimitation (JBC).
Le ministère cambodgien des Affaires étrangères a émis trois notes de protestation diplomatique et a saisi les Nations Unies ainsi que plusieurs organisations internationales. Des visites sur le terrain ont été organisées avec des diplomates et des ONG pour documenter les violations.
Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a évoqué la situation lors de sommets internationaux, notamment avec le président chinois Xi Jinping et le secrétaire général de l’ONU António Guterres. Il a demandé la mise en place d’un mécanisme de surveillance tiers pour garantir le respect du cessez-le-feu et empêcher les expulsions forcées.
Le général thaïlandais Amarit Boonsuya, commandant de la Première Région, s’est rendu sur place pour évaluer la situation. Il a affirmé que l’armée thaïlandaise continuerait à surveiller de près les événements, à défendre les droits des résidents thaïlandais et à résoudre le différend frontalier conformément aux directives du commandement militaire.
On assiste, de part et d’autre, à une forme de théâtralisation : l’armée thaïlandaise, disciplinée et bien équipée, cherche à impressionner sa propre population, tandis que les villageois cambodgiens, les mains nues, misent sur l’émotion et la vulnérabilité pour faire entendre leur détresse.