Le paysage politique thaïlandais est actuellement en ébullition, avec des alliances potentielles, des sondages et des changements d’allégeance. Cependant, à une semaine des élections, une rumeur persistante fait son chemin.
Selon de nombreuses sources tant au sein des partis d’opposition actuels (Pheu Thai, Move Forward) qu’au sein de la coalition au pouvoir, l’establishment conservateur thaïlandais monte un dossier pour dissoudre à la fois le PT et le MF. Les observateurs considèrent que la justice obéira à l’establishment.
Les ambassadeurs européens, alertés, ont déjà exprimé leur réserve contre un coup d’état juridique mors d’une visite à Anutin (Bumjaithai) récemment. Cependant, la Thaïlande est un pays indépendant et les juges n’écouteront pas des voix venues de l’extérieur.
Il semble que l’agenda progressiste de Move Forward soit considéré comme une menace pour l’orthodoxie existante, et ses plans pour aborder la loi de lèse-majesté (ainsi que l’élection des gouverneurs) sont inacceptables pour les forces conservatrices du royaume. Cette menace effraie d’autant plus en haut lieu que les sondages et les foules qui se rendent aux meetings à travers le pays montrent que l’opposition a le peuple avec elle.
Des sources affirment que l’affaire contre le MF est plus claire que celle contre Pheu Thai, qui semble jouer double jeu. Cependant, la perspective d’un retour de l’ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra a irrité les conservateurs qui ont passé les deux dernières décennies à essayer d’effacer son héritage.
L’affaire contre Pheu Thai dépendra de la capacité ou non de l’establishment à prouver qu’une main extérieure a influencé et financé le parti. Si cela était prouvé, le parti risque la dissolution.
Des initiés du Palang Pracharath Party et du United Thai Nation Party (partis pro-armée) ont déclaré qu’un trésor de guerre était en cours de préparation au cas où l’un ou les deux MFP et PT seraient dissous. Le trésor de guerre sera utilisé pour persuader les députés de l’un ou l’autre des partis de rejoindre PPT ou UTN en échange d’espèce sonnantes et trébuchantes prouvant ainsi que les putschistes Prawit et Prayut n’ont jamais eu l’intention d’éradiquer la corruption en Thaïlande.
Si le Pheu Thai est dissous les députés du Pheu Thai pourraient conserver leur statut de député en rejoignant tout autre camp, y compris celui de Prayut, dans un délai de 60 jours en échange de cadeaux des conservateurs.
Les stratégies de PT et MFP pour lutter contre les effets de ce coup d’état judiciaire diffèrent. Les membres du PT disent qu’ils ont déjà enregistré un parti de secours, tandis que le MFP a stratégiquement placé des membres clés en dehors du conseil exécutif en cas d’interdiction politique des dirigeants.
Il est clair que si l’un ou les deux partis sont dissous, des manifestations de rue massives auront probablement lieu. Les manifestations étudiantes qui se sont développées en 2020 ont été lancées à cause de la dissolution du Future Forward. Les manifestants appelaient à la démission du Premier ministre Chan-o-cha, l’accusant de supprimer la liberté d’expression et de violer les droits humains.
Les manifestations ont pris de l’ampleur, des milliers de manifestants étant descendus dans les rues de Bangkok et d’autres grandes villes de Thaïlande. Les manifestants ont utilisé diverses tactiques pour attirer l’attention sur leurs revendications. Ils ont également utilisé des médias sociaux, telles que Twitter et Facebook, pour organiser et partager leur message.
Si une autre dissolution se produit, on peut s’attendre à ce que les protestations soient encore plus importantes et surtout que les revendications aillent bien au-delà de celles exprimées en 2020.
Selon un recteur de l’Université Thammasat, Prinya Thaewanarumitkul, Prayut, qui se bat pour conserver le pouvoir sous la bannière du Ruam Thai Sang Chart, envisage la mise en place d’un gouvernement minoritaire au mépris du vote exprimé le 14 mai grâce aux sénateurs qu’il a nommé à l’époque de la junte.
Bien que Prawit ait répété à plusieurs reprises vouloir éviter les conflits et un gouvernement minoritaire, il ne peut pas parler au nom de l’inflexible Prayut, a déclaré l’universitaire.
Prinya a déclaré que la mise en place d’un gouvernement minoritaire compromettrait gravement la démocratie et choquerait les électeurs qui ont voté CONTRE Prayut.
Au fil du temps, un gouvernement minoritaire pourrait devenir un gouvernement avec une maigre majorité, certains des députés étant peut-être forcés ou « tentés » de trahir et devenir pro-Prayut en échange de gains personnels, comme cela est souvent arrivé dans le passé, a déclaré le vice-recteur de Thammasat.
Mais de son côté Le politologue de l’Université de Rangsit, Thamrongsak Petlertanand, a déclaré que 82,5% des personnes interrogées dans un sondage non identifié (à prendre avec précaution) ont exprimé leur opposition à la mise en place d’un gouvernement minoritaire pour prolonger le régime de Prayut.
« On conseille simplement à Prayut de se contenter de ses 9 ans de règne car la plupart des gens dans le pays en ont assez de son régime et veulent du changement », a déclaré le politologue.
