
La frontière entre la Thaïlande et le Cambodge connaît une recrudescence inquiétante des tensions, notamment dans la zone de Ban Nong Chan, province de Sa Kaeo. Ce lundi après-midi, des affrontements ont éclaté lorsque des manifestants cambodgiens ont franchi une clôture de barbelés érigée par l’armée thaïlandaise. Des projectiles ont été lancés, blessant un soldat thaïlandais, tandis que des responsables cambodgiens étaient présents parmi les protestataires.
L’armée thaïlandaise affirme que cette zone, historiquement utilisée comme refuge humanitaire pour les civils cambodgiens fuyant la guerre, se trouve incontestablement sur son territoire. Elle accuse Phnom Penh d’avoir encouragé l’installation durable de ses citoyens dans le but de revendiquer la terre. En réponse, la Thaïlande a renforcé sa présence militaire et réinstallé des barbelés, malgré les demandes cambodgiennes de retrait.
De l’autre côté de la frontière, les autorités cambodgiennes dénoncent une incursion thaïlandaise à Chok Chey, dans la province de Banteay Meanchey, où des soldats thaïlandais auraient tenté d’ériger une barrière en territoire cambodgien. Phnom Penh appelle au respect du cessez-le-feu et des accords bilatéraux, notamment le MOU de 2000, et insiste sur une résolution pacifique via la Commission mixte des frontières.
En installant des barbelés, la Thaïlande souhaite imposer « son » tracé frontalier qui peut différer des cartes de 1907, reconnues par les Cambodge. Ainsi, « la guerre la plus bête du monde » pourrait durer des siècles. Seule une médiation neutre serait en mesure de délimiter les territoires des deux pays.
La situation s’est aggravée avec la découverte de mines antipersonnel PMN-2 sur le sol thaïlandais, attribuées à des soldats cambodgiens infiltrés. Treize soldats thaïlandais ont été blessés par des mines depuis juillet, dont cinq amputés.
Le général Boonsin Padklang a autorisé une riposte immédiate en cas de nouvelle incursion, dénonçant des violations répétées du cessez-le-feu. Cette mâle assurance, bien qu’appréciée par les ultranationalistes thaïlandais, pourrait facilement dégénérer en affrontement si un malentendu venait à survenir.
Malgré ces tensions, les deux pays ont convenu de coopérer sur le déminage et la lutte contre les réseaux d’escroqueries transfrontalières. Toutefois, la Thaïlande reste sceptique quant à la mise en œuvre concrète des accords, citant des violations répétées par le Cambodge au cours de la dernière décennie.
Alors que la réunion du Comité régional frontalier est prévue le 27 août, les enjeux de souveraineté, de sécurité et de coopération restent au cœur d’un conflit latent dont l’issue dépendra de la volonté politique des deux gouvernements à privilégier le dialogue sur l’escalade.