Le célèbre procédurier en série Srisuwan Janya a été placé en garde à vue pour extorsion, après que lui et deux associés auraient exigé 1,5 million de bahts au directeur général du département du riz en échange de l’abandon de son projet de porter plainte pour corruption présumée contre le fonctionnaire.
L’action de la police faisait suite au dépôt d’une plainte de Natthakit Khongthip, directeur général du Département du riz, affirmant que Srisuwan, Yotwarit Chuklom et un ancien candidat du parti United Thai Nation (Prayut) appelé « Pimnattha » avaient tenté de lui extorquer trois millions de bahts.
Le trio a menacé de dénoncer des allégations de corruption dans le projet du Département du riz visant à réduire les coûts de production du riz à moins que Natthakit ne leur verse trois millions de bahts. Le montant a cependant été négocié à la baisse à 1,5 million de bahts.
La police a ensuite tendu un piège en envoyant un coursier apporter le premier paiement de 500 000 bahts au domicile de Srisuwan, un processus qui a été étroitement surveillé. C’est la femme de Srisuwan qui a reçu l’argent.
Des responsables de la Commission nationale anti-corruption et de la police anti-corruption ont perquisitionné la maison de Srisuwan, dans le lotissement Prueksa 17, dans le district de Lam Luk Ka à Pathum Thani, vers 15 heures vendredi.
La police a déclaré que Srisuwan ayant remarqué l’arrivée de la police, avait saisi le colis contenant l’argent liquide et l’avait jeté dans le jardin du voisin. La police a réussi à récupérer l’argent et a placé Srisuwan en garde à vue avant de fouiller sa maison à la recherche de preuves supplémentaires.
Srisuwan et sa femme ont été emmenés pour être interrogés.
Peu de temps après, une autre équipe de police, au siège du gouvernement, a arrêté Yotwarit Chuklom. Il est assistant du vice-premier ministre Pirapan Salirathavibhaga (parti de Prayut).
Yotwarit a toutefois déclaré aux médias qu’il n’avait rien à voir avec cette extorsion présumée.
Plus tôt, Pirapan aurait appelé le général de division Jaroonkiat Pankeaw, commissaire adjoint du Bureau central d’enquête, pour lui proposer de remettre Yoswarit et Pimnattha (tous du parti de Prayut) à la police.
Le procédurier en série Srisuwan Janya, qui fait face à une accusation d’extorsion, affirme qu’il a été piégé parce qu’il aurait pu « marcher sur les pieds de quelqu’un » dans sa croisade incessante contre la corruption dans la bureaucratie gouvernementale.
Contrairement à d’autres lanceurs d’alerte, Srisuwan ne cherche qu’à lancer des affaires spécieuses pour que la justice, aux ordres du régime, condamnent des opposants politiques. C’est cet homme, avec ses masques colorés, que vous voyez régulièrement sur les réseaux sociaux brandissant le reçu du dépôt de la plainte qu’il vient de déposer contre des politiciens.
Les trois suspects ont été libérés sous caution de 400 000 bahts.
Après avoir été interrogé pendant environ neuf heures, suite à son arrestation, Srisuwan a nié avoir extorqué de l’argent à Natthakit, expliquant aux médias qu’il avait jeté le paquet que sa femme avait trouvé devant la porte d’entrée de sa maison. Paquet qui, bizarrement, contenait de l’argent liquide. On ne sait pas si c’est son habitude de jeter tout paquet suspect chez le voisin au lieu d’appeler la police.
Il a admis qu’il avait été choqué par l’intervention de la police à son domicile, mais qu’il n’était pas inquiet car il avait déjà été poursuivi à plusieurs reprises. « Marcher sous la pluie peut mouiller », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il aurait pu gêner quelqu’un au cours de ses efforts pour dénoncer la corruption.
Le procédurier en série s’est dit prêt à se défendre devant les tribunaux et s’est engagé à poursuivre sa croisade anti-corruption.
Niwatchai Kasemmongkol, secrétaire général de la Commission nationale anti-corruption, a déclaré aux médias que Natthakit avait déposé sa plainte auprès de la NACC au début du mois, accusant Srisuwan et ses deux associés de lui avoir demandé trois millions de bahts, mais le montant était finalement négocié à 1,5 million de bahts, le premier versement de 50 000 bahts étant déjà payé en décembre.
Phimnattha Chiraphutthiphak, ancien candidat député du parti Ruam Thai Sang Chart (UTN, Prayut), membre de la coalition gouvernementale, a également été arrêté. M. Yoswaris, également connu sous le nom de Jeng Dokjik, dirige le mouvement Ruam Chai Rak Chat (Amour uni pour la nation) et a fait partie d’un groupe de travail sur la fonction publique nommé par le vice-premier ministre Pirapan Salirathavibhaga, le leader de l’UTN (Prayut).
M. Srisuwan s’est plaint que la police avait saisi les titres de propriété de cinq parcelles de terrain et le contenu de ses serveurs.
« Je crois que les poursuites contre moi viennent d’une personne influente (mafia) qui tente de contrer l’une des nombreuses poursuites judiciaires », a déclaré Srisuwan. « J’ai suffisamment de preuves pour innocenter mon nom. »
Il a ajouté qu’il se soumettrait à la procédure judiciaire et qu’il ne mettrait pas fin à sa croisade contre la corruption.
M. Yoswaris, un ancien militant des chemises rouges qui a changé de camp pour soutenir l’UTN (royaliste, Prayut) en février de l’année dernière, a également déclaré aux journalistes que lui et Mme Phimnattha n’étaient impliqués dans aucune extorsion comme on le prétend.
Il a déclaré qu’il y aurait des discussions avec M. Srisuwan et l’équipe juridique pour organiser une conférence de presse afin de clarifier la question.
La police a annoncé à Srisuwan Janya et aux deux politiciens du gouvernement qu’ils disposaient de 15 jours pour fournir des documents leur permettant de se défendre contre les accusations d’extorsion du chef du Département du riz (RC).
Le général de division Jaroonkiat Pankaew, du Bureau central d’enquête (CIB), a déclaré samedi que M. Srisuwan, ainsi que Yoswaris « Jeng Dokjik » Chuklom, membre du parti United Thai Nation (UTN), et Phimnattha Chiraphutthiphak, ancien candidat député de l’UTN, demandent plus de temps pour trouver des explications et prouver leur innocence.
S’il s’avère que des responsables de l’État ont participé à l’extorsion présumée, la police anti-corruption lancera une enquête et alertera la Commission nationale anti-corruption (NACC), a-t-il indiqué.
On ne sait pas jusqu’à quel point cela pourra gêner le gouvernement qui s’est acoquiné avec le parti de Prayut dans la coalition.
Le Pol Maj Gen Jaroonkiat a déclaré que personne d’autre n’était impliqué dans cette affaire jusqu’à présent. Cependant, les enquêteurs ont découvert des comptes bancaires de prête-noms qui auraient été ouverts pour recevoir de l’argent extorqué.
La police élargit l’enquête car elle pense que le plan d’extorsion pourrait avoir été l’œuvre d’une équipe composée d’un procédurier, d’un intermédiaire, du propriétaire des comptes bancaires mandataires et d’un coursier qui récupère l’argent de la partie victime du chantage.
Le général de division Jaroonkiat a déclaré que la police avait passé quatre mois à rassembler des preuves sur cette affaire. Au moins une autre personne sera convoquée.
M. Natthakit (la victime du chantage), qui a déclaré à la police qu’il n’avait rien fait de mal, explique qu’il avait accepté de payer la première tranche de 500 000 bahts parce qu’il voulait rassembler des preuves de la tentative d’extorsion.
Lors du piège de la police, l’épouse de M. Srisuwan a clairement été vue sortant de la maison pour récupérer le sac d’argent accroché à la porte d’entrée (sous entendu, elle savait très bien de quoi il s’agissait).
Selon le général de division Jaroonkiat, elle a couru avec l’argent jusqu’à l’arrière de la maison, incitant les policiers à intervenir. La police a trouvé M. Srisuwan dans la maison et a demandé où se trouvait l’argent.
La police a découvert que M. Srisuwan avait installé une vidéosurveillance autour de sa maison et les enquêteurs examinent les images des caméras, a déclaré le général de division Pol Jaroonkiat.
« M. Srisuwan se trouve dans une situation très délicate », a déclaré le commissaire.
« Ils essaient de me faire tomber. Mais j’ai des informations pour contrer les allégations portées contre moi », répond Srisuwan.
De son côté, le leader de l’UTN et vice-Premier ministre Pirapan Salirathavibhaga a déclaré que le parti se réservait le droit d’expulser M. Yoswaris si l’enquête confirme qu’il avait participé à l’extorsion présumée. Il peut aussi offrir sa démission.
Le vice-premier ministre a soutenu que ces allégations n’avaient rien à voir avec lui ou avec le parti. Cependant, force est de constater que les dépôts de plainte incessants de Srisuwan contre les opposants au régime, arrange bien celui-ci.
L’épouse du chef du Département du riz (RD) a insisté sur le fait que sa famille était coincée et n’avait d’autre choix que de dénoncer un célèbre lanceur d’alerte qui, selon eux, aurait extorqué son mari.
Lundi après-midi, on apprenait que Le gang de Srisuwan Janya est plus important qu’on ne le pensait initialement et avait de nombreuses cibles selon le Bureau central d’enquête (CIB). Par ailleurs, il y aurait un « cerveau » derrière tout cela, affirme la police.
Pol Maj Gen Charoonkiat Pankaeo, du CIB a déclaré lundi que la police avait des preuves montrant que le gang était bien organisé, sélectionnait les cibles d’extorsion, négociait et de récupérait l’argent, a-t-il déclaré.
« Beaucoup d’autres personnes étaient impliquées… L’une d’entre elles semblait fournir au cerveau les informations qui menaient à des plaintes », a déclaré le général de division Charoonkiat.
Auparavant, M. Srisuwan avait dirigé l’Association pour la protection de la Constitution thaïlandaise, mais l’administration l’a dissoute pour ne pas avoir satisfait aux conditions d’adhésion.
Il a ensuite créé une nouvelle organisation nommée Rak Chat Rak Phaendin (Love Nation, Love Motherland) pour lutter contre les tentatives visant à modifier ou à supprimer l’article 112 du Code pénal, mieux connu sous le nom de loi de lèse-majesté. Srisuwan s’est toujours vanté d’être un royaliste radical et pro-Prayut.
