
La récente montée des tensions à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge a provoqué le retour massif de travailleurs cambodgiens dans leur pays, mettant en péril plusieurs secteurs économiques thaïlandais dépendants de cette main-d’œuvre. En réponse, plus de 300 Thaïlandais ont été mobilisés pour récolter les longanes dans la province de Chanthaburi, remplaçant les Cambodgiens absents. Bien que 90 % de ces nouveaux ouvriers n’aient jamais travaillé dans la récolte de fruits, leur enthousiasme et leur volonté d’apprendre rapidement ont rassuré les producteurs locaux.
Face à cette pénurie, les autorités thaïlandaises ont adopté une stratégie de diversification de la main-d’œuvre étrangère. Le gouvernement a signé un protocole d’accord avec le Sri Lanka, permettant l’arrivée immédiate de 10 000 travailleurs, avec plus de 300 000 autres déjà enregistrés. Des démarches similaires sont en cours avec les Philippines, l’Indonésie et le Népal. Cette ouverture vise à compenser le départ de quelque 400 000 Cambodgiens, qui représentaient une part importante de la main-d’œuvre étrangère en Thaïlande.
Parallèlement, les ministères de l’Intérieur et du Travail ont accordé une prolongation de six mois aux travailleurs cambodgiens détenteurs de permis saisonniers ou de laissez-passer frontaliers, afin d’atténuer les effets immédiats de la crise. Toutefois, de nombreux Cambodgiens ont quitté précipitamment le territoire, sous la pression de menaces liées à la perte de biens ou de citoyenneté dans leur pays d’origine.
Le secteur industriel, notamment la construction, l’agroalimentaire et le textile, est particulièrement touché. La Fédération des industries thaïlandaises (FTI) appelle à intensifier les accords bilatéraux avec les pays voisins comme le Myanmar, le Laos et le Vietnam pour importer davantage de travailleurs légaux. À plus long terme, elle encourage les entreprises à investir dans l’automatisation pour réduire leur dépendance à la main-d’œuvre étrangère.
Enfin, cette crise a affecté la confiance des industriels, comme en témoigne la baisse de l’indice de sentiment des industries thaïlandaises à son plus bas niveau depuis octobre 2024. Le conflit frontalier, combiné aux incertitudes commerciales internationales, pousse la Thaïlande à repenser en profondeur sa politique migratoire et sa stratégie de main-d’œuvre.