
Le sud de la Thaïlande est une nouvelle fois secoué par une série d’attaques meurtrières, illustrant la persistance du conflit dans les provinces de Pattani, Yala et Narathiwat. Vendredi, Muhamad Noor Arwae, adjoint au maire de l’organisation administrative de Khao Toom (district de Yarang, Pattani), a été abattu alors qu’il rentrait chez lui après la prière. Les auteurs, non identifiés, ont ouvert le feu sur son véhicule. Les enquêteurs n’ont pas encore déterminé s’il s’agissait d’un acte insurgé.
Cet assassinat survient dans un contexte de recrudescence des violences dans la région. Le 5 octobre, un braquage spectaculaire a visé une bijouterie à Su-Ngai Kolok (Narathiwat), les assaillants s’emparant de 35,6 millions de bahts en bijoux. Deux jours plus tard, des distributeurs automatiques de la Banque Islamique ont été ciblés par des explosions devant l’université Fatoni, à Yarang. Des caméras de surveillance ont également été détruites dans plusieurs localités.
Le drame le plus marquant reste l’attentat à la bombe survenu jeudi matin à Yi-Ngo (Narathiwat), où un engin explosif dissimulé dans une bonbonne de gaz a été déclenché à distance lors du passage d’une patrouille de police. Quatorze personnes ont été blessées, dont des civils. Parmi elles, une femme de 79 ans, surnommée “Grand-mère Ror Meo”, est décédée des suites de ses blessures. Elle avait économisé toute sa vie en vendant des algues pour accomplir le pèlerinage à La Mecque, dont elle avait déjà versé l’acompte.
Sa mort a provoqué une vive émotion dans la communauté. Samedi, des habitants se sont rassemblés pour dénoncer les violences sectaires qui ravagent la région depuis plus de vingt ans. Ils ont appelé à une condamnation ferme des actes de barbarie et à une mobilisation pour la paix.
Depuis 2004, plus de 7 700 personnes ont perdu la vie dans le Sud thaïlandais, dont près des deux tiers sont des civils, selon l’ONG Deep South Watch. Face à cette spirale meurtrière, la population locale réclame des mesures concrètes pour mettre fin à un conflit qui gangrène leur quotidien.