
Des discussions tendues entre les militaires des deux pays se déroulent chaque jour dans les temples contestés
Le lieutenant-général Boonsin Padklang, commandant de la deuxième région militaire thaïlandaise, a encouragé les citoyens thaïlandais à visiter les anciens temples de la province de Surin, frontalière avec le Cambodge, afin de promouvoir le tourisme et de soutenir l’économie locale. Il a mentionné en particulier Prasat Ta Muen Thom, Prasat Ta Kwai et Prasat Ta Muen Tot, situés dans une zone de tension territoriale.
Ces temples font partie des lieux revendiqués par le Cambodge, qui a saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) pour statuer sur leur souveraineté. La Thaïlande, de son côté, réaffirme que ces sites se trouvent sur son territoire et refuse de reconnaître la compétence de la CIJ dans ce dossier.
Boonsin a également souligné l’importance du soutien populaire aux soldats postés le long de la frontière, notant que de nombreux visiteurs leur ont récemment offert des cadeaux et des encouragements. Cependant, cette affluence touristique n’est pas sans complications : un groupe de Cambodgiens aurait manifesté un comportement provocateur lors d’une visite sur le site de Ta Muen Thom, poussant l’armée thaïlandaise à intervenir. De même, la venue de cyclistes thaïlandais dans la zone a suscité des tensions diplomatiques.
La figure de Boonsin est d’autant plus médiatisée qu’il a été qualifié d’opposant au gouvernement dans une conversation privée entre le Premier ministre thaïlandais et Hun Sen, ancien chef du gouvernement cambodgien. Ce contexte a jeté une lumière politique sur ses actions, à quelques mois de sa retraite prévue en septembre.
Parallèlement, le Premier ministre cambodgien Hun Manet a durci le ton. Il exige un retour à la situation antérieure au 7 juin, accusant la Thaïlande d’empiétement et rejetant toute tentative d’imposer une nouvelle cartographie unilatérale. Il affirme la volonté de son gouvernement de recourir à une résolution pacifique par le biais de la CIJ, tout en avertissant que l’armée cambodgienne est prête à défendre chaque parcelle de son territoire.
Le différend, cristallisé par un accrochage meurtrier à Mom Bei, s’inscrit dans une longue série de tensions frontalières. Kin Phea, expert en relations internationales, prévient que toute action unilatérale pourrait raviver les violences observées entre 2008 et 2011, soulignant l’urgence d’un règlement juridique pour éviter une nouvelle escalade.
Dans un climat de tensions frontalières accrues, l’appel du lieutenant-général Boonsin Padklang à promouvoir le tourisme civil dans des zones sensibles suscite l’inquiétude. Certains observateurs jugent cette initiative hautement imprudente dans un secteur où les forces armées des deux pays demeurent en alerte maximale. La situation pourrait générer des incidents regrettables.
Dans l’hypothèse la plus critique, cette décision pourrait être perçue comme une tentative délibérée de créer une situation prétexte à une escalade. En effet, toute atteinte à l’intégrité physique de visiteurs thaïlandais dans ces zones contestées risquerait de servir de catalyseur à une réaction militaire, permettant à Bangkok d’intervenir.