Le parti Pheu Thai a annoncé mercredi qu’il rompait avec le parti Move Forward pour former son propre gouvernement de coalition et nommer Srettha Thavisin au poste de Premier ministre de Thaïlande.
La réunion a commencé vers 9h30 au siège du parti Pheu Thai, au cours de laquelle les membres du noyau dur du parti Pheu Thai aurait demandé au parti Move Forward de revenir sur sa politique d’amendement de la loi de lèse-majesté, afin que le candidat du parti Pheu Thai au poste de premier ministre puisse recevoir un soutien de plus de sénateurs et députés.
Selon le secrétaire général de Move Forward, Chaitawat Tulathon., Le parti Pheu Thai n’a pas demandé au parti Move Forward d’abandonner l’amendement de la loi de lèse-majesté. Il a simplement informer que 6 partis de la coalition ne veulent pas que le parti Move Forward fasse partie du gouvernement, avec ou sans la question de l’amendement.
MFP continue de penser que l’amendement de la loi de lèse-majesté servait d’excuse aux sénateurs nommés par la junte et aux partis proches de l’armée pour empêcher le MFP d’accéder au pouvoir. Il a dit que ce qui s’est passé montre la distorsion du système politique thaïlandais où le vrai gros problème est que le pouvoir n’appartient pas au peuple comme il est censé l’être mais à un pouvoir plus élevé (le régime).
Lorsqu’on lui a demandé si le parti Pheu Thai et le MFP se sont quittés en bons termes, il a répondu: « nous nous sommes entendus ». Il a également déclaré que la réécriture de la constitution est une politique saine, avec un fort soutien de plusieurs partis. Il pense qu’une fois la nouvelle constitution entrée en vigueur, il y aura de nouvelles élections.
Le parti Pheu Thai n’a pas demandé au MFP de voter pour son candidat Srettha Thavisin. La haine du régime pour les idées novatrices est telle que Pheu Thai craint que si MFP vote pour son candidat les sénateurs l’utiliseront comme excuse pour ne pas voter pour le dit candidat. La hantise du régime est que le MFP rejoigne plus tard la coalition dirigée par le Pheu Thai.
Dans un communiqué, le Pheu Thai a annoncé qu’il ne soutiendrait aucune tentative de modification de la loi de lèse-majesté.
Le parti s’est toutefois engagé à faire pression pour des amendements constitutionnels, accusant certaines dispositions de la loi d’avoir retardé la formation du gouvernement et d’avoir provoqué des crises politiques. Il envisage la formation d’une assemblée constituante et un référendum lié.
Le Pheu Thai a déclaré que son gouvernement ferait pression pour plusieurs politiques mentionnées dans le protocole d’accord entre les huit partis de la coalition, qui sont également conformes aux politiques du parti, telles que le mariage pour tous, la loi progressiste sur l’alcool, la réforme de la la police, l’armée et le système judiciaire, la décentralisation de la gouvernance, le remplacement de la conscription obligatoire par l’enrôlement volontaire et la suppression de toutes les formes de monopole.
En effet, obtenir le pouvoir mais suivre la politique de la coalition précédente pour complaire à l’armée sans changement majeur équivaudrait à s’aliéner définitivement la population.
En ce qui concerne les votes des sénateurs, il a déclaré que le parti Pheu Thai avait clarifié sa position sur la question de lèse-majesté et que Move Forward ne ferait pas partie du gouvernement de coalition.
Selon l’analyste de CNA, Saksith Saiyasombut, Il ne reste pas grand-chose de l’optimisme plein d’espoir qui a suivi la victoire électorale surprise de Move Forward en mai. Pheu Thai subira la colère des électeurs de Move Forward, qui se sentent trahis et PT aura du pain sur la planche pour regagner la confiance des électeurs en général, après avoir agité le drapeau de la démocratie électorale pendant des années.
Move Forward, c’est vrai, cherche à défaire l’héritage politique de l’ancienne junte et remet en question l’orthodoxie de la structure du pouvoir thaïlandais, l’armée et la monarchie (le régime). L’opposition aux projets du MFP d’amender la loi sur lèse-majesté n’était qu’un prétexte pense également Saksith.
Il continue en affirmant que la genèse de la constitution actuelle méprise profondément les députés élus dont le pouvoir doit être strictement limité. Pheu Thai, plus à l’aise maintenant que le MFP est passé par dessus-bord, dit vouloir appliquer son propre programme mais le fera-t-il ? Seul le temps nous le dira. Mais si ce n’est pas le cas, le Pheu Thai affrontera à l’avenir un Move Forward ou son avatar s’il est interdit pas la « justice ». L’élection de cette année n’était pas seulement un rejet du gouvernement sortant, mais de l’ancien système en général dont le Pheu Thai fait partie. La preuve : il a perdu certains de ses principaux bastions au profit du parti plus jeune.
Saksith enchaîne : les possibles succès économiques de Pheu Thai pourraient ne pas suffire à convaincre un électorat politiquement plus conscient. Ironie du sort, Pheu Thai prétendait avoir le soutien des électeurs progressistes. Une question que le Pheu Thai devra se poser : Fera-t-il partie de la solution à l’avenir – ou fera-t-il partie du problème en s’appuyant sur ses vieilles astuces ?
Le Grand journaliste Pravit Rojanaphruk écrit : « Pheu Thai ne m’a pas déçu. Il a fait tout ce qu’il pouvait pour revenir au pouvoir. C’est un parti politique avisé et opportuniste. Les opposants l’appellent « la comédie », la preuve, le hashtag « Pheu Thai troupe de théâtre » était tendance hier avec 400 000 interactions.
Pendant 4 ans, on a pensé que les internautes ne représentaient pas la population, le résultat des élections a prouvé que les internautes étaient bien « les Thaïlandais ».
Le chef de Bhumjaithai, Anutin Charnvirakul, a déclaré que le parti Pheu Thai ne l’avait pas encore contacté pour rejoindre sa coalition. Il réitère les positions de son parti : aucun soutien à la modification de la loi de lèse-majesté, aucune coopération avec le parti Move Forward et aucun soutien à un gouvernement minoritaire. Il a déclaré que le Pheu Thai doit préciser qu’il ne réintégrera pas le parti Move Forward dans la coalition après le vote du Premier ministre.
Une source Pheu Thai a déclaré mercredi soir que le parti laisserait les deux partis pro-junte: Phalang Pracharath et l’UTN dans l’opposition avec le MFP. Pheu Thai formera une coalition avec Bhumjai Thai, Chart Pattana Kla Party & Chart Thai Pattana. La plupart des députés démocrates voteront pour Srettha.
Actuellement, Pheu Thai doit se soumettre au régime s’il veut que Thaksin soit bien traité par la police et la « justice » lors de son retour. Un retour qui aura largement déstabilisé son parti.
