Des plateformes de commerce électronique comme Shopee et Lazada ont exprimé leur intérêt à rejoindre le projet de portefeuille numérique du gouvernement, a déclaré le vice-ministre des Finances Julapun Amornvivat. Le ministère des Finances étudie la possibilité de les inclure, a-t-il ajouté, mais n’a pris aucune décision.
Cette éventualité serait en contradiction avec les règles évoquées au moment du lancement du projet, comme celle qui exige des transactions en face à face. Julapun rappelle la promesse du Premier ministre Srettha Thavisin : les biens achetables avec le portefeuille numérique doivent être fabriqués localement, ce qui a conduit à reconsidérer la possibilité d’inclure les smartphones.
Pourtant, toutes les babioles fabriquées en Chine, souvent vendues à 20 ou 30 bahts, inonderont probablement les marchés où les Thaïlandais dépenseront leur allocation spéciale de 10000 bahts a affirmé le leader de Move Forward, Chaithawat Tulathon, le 19 juin à la Chambre.
L’opposition pense que le projet de « manne de 10000 bahts » ne servira que l’agenda populiste du Pheu Thai mais ni l’économie thaïlandaise ni même les budgets des familles. Les importateurs de produits chinois bon marché et de mauvaise qualité, pourront dire merci au portefeuille numérique de 10 000 bahts, a déclaré Chaithawat.
Le déficit commercial de la Thaïlande avec la Chine a déjà atteint un niveau record l’année dernière à cause de ces produits minables en provenance de la superpuissance économique asiatique, selon le leader de Move Forward. Il accuse le gouvernement Pheu Thai de pure démagogie avec le projet de manne de 10 000 bahts sans que l’économie et les finances du pays soient sérieusement pris en compte. Il doute que la distribution de portefeuilles numériques stimule l’économie locale ou nationale, comme l’affirme le Premier ministre Srettha Thavisin.
Par ailleurs, L’opposition a mis en garde le gouvernement contre le risque financier élevé que ferait courir un emprunt lié aux 500 milliards de bahts nécessaires pour la manne, alors que le débat sur la loi budgétaire pour 2025 a débuté mercredi au Parlement.
Chaithawat Tulathon, a déclaré que le budget de 3,75 billions de bahts comprenait 865 milliards de bahts d’emprunts, ce qui atteint presque le plafond. Tout ça pour que les entreprises chinoises raflent la mise. « La marge de manœuvre financière laissée au gouvernement sera inexistante s’il a un besoin urgent de fonds », a-t-il déclaré, faisant référence à des catastrophes naturelles ou des épidémies. « Le redressement économique ne peut pas dépendre uniquement de la stimulation de la consommation à court terme. Ce serait trop simple. », a déclaré M. Chaithawat qui considère que le gouvernement ne connaît pas le pays.
Le chef du Parti démocrate, Jurin Laksanawisit, a déclaré que le système de portefeuille numérique augmentera le niveau de la dette publique. Le gouvernement a apparemment minimisé les dépenses au cours de l’exercice 2024 afin de conserver de l’argent pour le plan de portefeuille numérique ce qui limite de facto la croissance du PIB cette année, a-t-il conclu.
Le Premier ministre, Srettha Thavisin, répond que le pays est en bonne santé financière, avec des réserves de change totalisant 224,48 milliards de dollars au 31 décembre 2023. Le budget 2025 comprend 908,22 milliards de bahts d’investissement, ce qui représente 24,2 % du budget total, niveau le plus élevé depuis 17 ans, a déclaré M. Srettha.
Pourtant, on entend dire que le gouvernement reviendrait sur sa promesse antérieure selon laquelle les 10 000 bahts pourraient être utilisés pour acheter des smartphones, contrairement à ce que dit le Premier ministre Srettha Thavisin. Récemment, le vice-ministre des Finances Julapun Amornvivat a déclaré aux journalistes que les smartphones devraient être inclus parmi les produits éligibles au projet de manne, soulignant qu’ils sont aujourd’hui indispensables.
Julapun ajoute aussitôt : « Le Premier ministre craint qu’autoriser l’utilisation du portefeuille numérique pour acheter des produits importés, tels que des smartphones et des appareils électriques, n’entraîne une sortie de devises vers les fabricants étrangers. Il a demandé au ministère du Commerce de reconsidérer les critères de dépenses », a déclaré Julapun.
Jusqu’à présent, la liste de ce qui ne peut pas être acheté avec la manne comprend le carburant, les services, les produits en ligne et les produits « du péché » comme le tabac et l’alcool. Cependant, en raison de la loi sur les vases communicants, un Thaïlandais qui achèterait de la nourriture avec la manne dégagerait un budget suffisant pour pouvoir se procurer de l’alcool le soir de la distribution.
A date, les destinataires peuvent utiliser cet argent numérique dans des magasins spécifiques de leur district d’origine, mais ces magasins peuvent se fournir n’importe où.
Pour résumer la réflexion du gouvernement et les débats à l’assemblée, on sent que la grande distribution aura lieu au 4e trimestre mais que les règles restent floues et faciles à transgresser. La banque centrale et les économistes continuent de penser que cette mesure vaine n’a rien à voir avec une croissance durable.
Le gouverneur de la Banque de Thaïlande Sethaput Suthiwartnarueput, a réitéré son opposition au projet de distribution de portefeuille numérique de 10 000 bahts à tous les adultes thaïlandais. Il veut que la manne ne soit destinée qu’à ceux qui sont « dans le besoin ».
