M. Srettha n’a pas encore prêté serment et Pheu Thai doit présenter son programme au Parlement, comme l’exige la charte, en septembre.
Naturellement, l’accent mis sur l’amélioration du niveau de vie de la population et les politiques visant à stimuler l’économie devraient avoir la priorité, mais le nouveau gouvernement doit s’intéresser à la baisse du taux de natalité et la société vieillissante – un problème que l’armée au pouvoir n’a pas compris.
La Thaïlande est en passe de devenir une société très âgée – alors que 20 % ou plus de la population a plus de 65 ans et qu’il n’existe pourtant aucun véritable plan d’action ni même un groupe de travail pour s’attaquer à ce problème.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la Thaïlande est l’une des sociétés qui vieillissent le plus rapidement au monde, avec 12 millions de ses 71,6 millions de citoyens ayant déjà plus de 60 ans. Cette tendance ne fera que s’accélérer.
Pour aggraver encore le problème, le taux de fécondité du pays a considérablement chuté, passant de 2,2 naissances par femme en 1991 à seulement 1,1 en 2021, bien en dessous des 2,1 naissances nécessaires au renouvellement d’une population.
À ce rythme, la part des personnes âgées continuera d’augmenter. La population thaïlandaise est en passe de diminuer d’au moins 50 % d’ici 2100, selon le ministère du Développement social. Beaucoup ont attribué cela aux changements dans les normes sociétales, l’accent étant mis sur les familles plus petites et la technologie remplaçant les besoins d’interaction sociale physique. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose si un pays planifie ce changement et définit comment il compte se développer dans ce nouvel environnement.
D’une manière générale, une société vieillissante, associée à de faibles taux de natalité et à l’absence d’autres moyens de remplacer la main-d’œuvre, présente de nombreux défis, en termes de coûts de santé plus élevés et de systèmes de retraite tendus. Cela se traduit également par une pénurie de travailleurs qualifiés et non-qualifiés, ce qui peut dissuader l’innovation et les progrès technologiques et ralentir ou tuer toute croissance économique. Cela signifie aucune amélioration du niveau de vie et une perte de compétitivité mondiale dans une région où la concurrence pour les investissements étrangers est féroce.
Au lieu de repousser le problème comme l’a fait Prayut (un militaire peu au fait de la société), le gouvernement dirigé par Pheu Thai et le nouveau Premier ministre devraient élaborer une feuille de route sur la manière d’atténuer l’impact de ce qui s’en vient.
Le parti s’est engagé à offrir de meilleures prestations aux nouveaux parents, avec des allocations de naissance, un congé de maternité plus long et de généreuses allocations familiales. Il a également promis d’aider les couples à payer la facture des technologies de reproduction pour lutter contre l’infertilité. Actuellement, les parents ont droit à 90 jours de congé de paternité/maternité, à 13 000 bahts par naissance et d’avantages fiscaux. Ces montants devraient tous être augmentés pour soutenir les parents qui veulent des enfants, mais ne peuvent pas en avoir en raison de contraintes financières ou de soucis de concilier travail et soins aux nouveau-nés.
Il convient aussi de développer tout un environnement où les enfants et leurs familles se sentiraient bien venus : des crèches, des activités éducatives, des clubs sportifs, des bâtiments adaptés, le respect de la part des enseignants, etc.
Outre les politiques visant à augmenter le taux de natalité, le gouvernement doit également étudier les moyens de créer des programmes de planification familiale qui incitent les jeunes à avoir des enfants. Une autre option, bien que toujours controversée, consiste à faire appel à davantage de professionnels étrangers pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre. De nombreux étrangers vivent, travaillent et contribuent déjà au royaume, donc les inclure officiellement dans le système pourrait aider. Dans ce domaine, Srettha pourrait être freiné par sa coalition de droite.
Avec de nombreuses tâches qui requièrent son attention, le nouveau Premier ministre a une lourde charge. Le pays espère qu’en tant que PDG, il sera en mesure d’établir des priorités. Sinon, tous les investissements réalisés dans des mégastructures, de vastes systèmes de transport en commun et bien d’autres destinés à desservir une population en plein essor, seront utilisés par qui ?
Le désert thaïlandais selon l’ONU. Ce graphique date de 2019, or depuis, le gouvernement Prayut n’a strictement rien fait pour endiguer la tendance.
