
L’armée thaïlandaise a signalé jeudi sur Facebook une série d’incidents à la frontière avec le Cambodge, survenus depuis la veille. Selon le Centre des opérations de la 2e région militaire, des troupes cambodgiennes auraient déployé des armes lourdes, dont un char, en position de tir face au district de Kantharalak, dans la province de Si Sa Ket.
Le centre considère ce renforcement militaire comme une possible préparation à une action armée contre la Thaïlande, et une violation persistante de l’accord de cessez-le-feu en vigueur. Le déploiement aurait eu lieu à proximité de Chong Ta Thao, près de la colline de Phrea Viharn, à seulement 300 mètres de la ligne militaire thaïlandaise.
Face à cette montée des tensions, le gouvernement d’Anutin prévoit d’organiser un référendum pour permettre à la population de se prononcer sur une éventuelle annulation des protocoles d’accord (MoU) entre la Thaïlande et le Cambodge. Cette mesure figure dans une déclaration de politique générale de 48 pages, qui devrait être présentée au Parlement lundi prochain. L’exécutif insiste sur la nécessité de résoudre les différends frontaliers par des moyens pacifiques, en garantissant la sécurité des habitants des zones concernées et en préservant la souveraineté thaïlandaise. À l’évidence, ce référendum ne saurait être considéré comme un moyen pacifique ; il risquerait plutôt d’attiser la défiance entre les deux pays, voire entre leurs populations.
Du côté cambodgien, Hun Sen, président du Sénat, a évoqué une présentation sur l’évolution du dossier frontalier dans les villages de Prey Chan (Ban Nong Ya Kaeo) et Chok Choy (Ban Nong Chan), dans la province de Banteay Meanchey. Cette présentation a été faite à des diplomates et à des représentants d’agences des Nations Unies.
Le 25 septembre, la ministre cambodgienne par intérim des Affaires étrangères, Eat Sophea, a rencontré le corps diplomatique pour faire le point sur la situation. Le Cambodge accuse la Thaïlande d’avoir unilatéralement interprété les faits et d’avoir expulsé illégalement des civils cambodgiens de terres qu’ils occupaient depuis des décennies, alimentant ainsi les tensions.
Le ministre de la Défense thaïlandais, le général Natthaphon Nakpanich, a annoncé le lancement immédiat de la construction d’une clôture le long de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, dans les zones où les limites territoriales sont clairement établies. Le projet est piloté par le quartier général des forces armées thaïlandaises, avec le soutien du Département royal de topographie via la Commission frontalière conjointe (JBC). Les zones litigieuses devront être réexaminées par le Conseil national de sécurité.
Un tronçon de 10 kilomètres dans la province de Sa Kaeo est estimé à 87 millions de bahts. Le coût total dépendra du niveau de sécurité choisi pour les 800 kilomètres de frontière. Le gouvernement se dit prêt à déployer le projet si les financements sont accordés.
Sur le terrain, des villageois cambodgiens ont organisé des rituels spirituels près de la clôture séparant Ban Prey Chan (Cambodge) de Ban Nong Chan-Nong Ya Kaew (Thaïlande), réclamant la restitution de terres qu’ils considèrent comme les leurs. Le 25 septembre, des responsables thaïlandais ont commencé à démanteler des structures identifiées comme des empiètements cambodgiens sur le territoire thaïlandais.
La situation s’est tendue le même jour, avec des incidents violents signalés côté cambodgien, impliquant tirs et jets de grenades. Des habitants vivant près de la frontière se préparent à évacuer par mesure de sécurité.
Face à cette instabilité, le collège – lycée Borai Wittayakom (province de Trat) a annoncé une fermeture exceptionnelle, invoquant des risques pour la sécurité des élèves et du personnel.
Toujours à Trat, le chef de district, M. Kriangkrai Panyaphongsathorn, a convoqué une réunion d’urgence pour organiser l’évacuation de quatre sous-districts à risque, avec priorité donnée aux groupes vulnérables. Les chefs de village ont été chargés de coordonner les opérations et de renforcer les patrouilles, tout en sensibilisant les habitants à la situation.