
La Thaïlande a annoncé ce lundi 10 novembre la suspension immédiate de l’accord de paix signé avec le Cambodge, après qu’une mine antipersonnel a blessé deux soldats thaïlandais dans la province frontalière de Sisaket. L’un d’eux a perdu un pied, l’autre souffre de douleurs thoraciques liées à l’onde de choc. Tous deux ont été évacués vers l’hôpital Sunpasitthiprasong à Ubon Ratchathani.
Le Premier ministre Anutin Charnvirakul a ordonné l’arrêt de toutes les opérations liées à la déclaration conjointe signée à Kuala Lumpur le 26 octobre. Ce texte, soutenu par Donald Trump et des diplomates chinois et malaisiens, visait à consolider la trêve conclue en juillet après des affrontements meurtriers ayant fait 43 morts et plus de 300 000 déplacés.
Parmi les engagements suspendus : le déminage des zones frontalières, le retrait des armes lourdes, l’arrivée d’observateurs de l’ASEAN et la libération de 18 soldats cambodgiens détenus en Thaïlande. Le gouvernement thaïlandais exige désormais des garanties avant toute reprise des discussions.
L’incident s’est produit vers 9h30, lors d’une patrouille du groupe Suranaree près de Huai Tamaria, non loin du temple de Preah Vihear. Selon le ministre de la Défense, la mine aurait été récemment posée dans une zone désormais sous contrôle thaïlandais. Une enquête est en cours, mais des protestations officielles seront déposées sans attendre.
À Surin, la tension est montée d’un cran. Des tirs d’armes légères ont été observés du côté cambodgien, sans riposte de l’armée thaïlandaise. Les soldats des deux camps se font face à quelques mètres, dans une atmosphère électrique.
Le porte-parole du gouvernement, Siripong Angkasakulkiat, a qualifié l’incident d’« inacceptable » et confirmé que toutes les actions prévues dans le cadre de l’accord sont gelées. « Le calme espéré n’est pas au rendez-vous. Tant que la situation n’est pas clarifiée, tout doit être mis en pause », a-t-il déclaré.
Interrogé sur la durée de la suspension, Siripong a précisé qu’aucun calendrier n’a été fixé. Le gouvernement prévoit d’informer les observateurs internationaux par les canaux officiels. Pour l’heure, le processus de paix est à l’arrêt, et la frontière reste sous haute tension.
La reprise de ce conflit absurde n’est plus à exclure. Ce serait un revers embarrassant pour la Thaïlande, le Cambodge, l’ASEAN… et pour Donald Trump, garant du dernier accord.


