Pour sauver leur automobile, certains l'ont parquée sur un pont. Mais même là, l'eau est montée
La situation reste critique à Hat Yai, dans le sud de la Thaïlande, où les inondations massives continuent de paralyser la ville et ses districts voisins. Malgré une légère baisse des niveaux d’eau en amont, les experts préviennent que l’afflux provenant du district de Sadao va encore aggraver les crues dans les prochains jours. Selon Seree Supratid, directeur du Climate Change and Disaster Centre de l’université Rangsit, la zone économique de Hat Yai pourrait rester sous l’eau jusqu’à la mi-décembre.
Dans un message publié mardi matin, il décrit une situation qui se détériore rapidement. « À 7 h, les eaux avaient monté de près de deux mètres par rapport à lundi. Des maisons déjà submergées d’un mètre sont désormais totalement englouties, et dans des zones comme Khuan Lang, les toits sont sous l’eau », alerte-t-il. Entre le 21 et le 25 novembre, près de 850 mm de pluie seraient tombés, générant jusqu’à 1 500 millions de m³ de ruissellement. Avec les capacités actuelles de drainage, il faudrait au moins dix jours pour que l’eau se retire, un délai rallongé par la marée haute attendue jusqu’à fin novembre.
Manque de coordination et appels à l’action
Le professeur Seree critique également l’absence de commandement clair dans la gestion de crise. Bien que la situation ait été classée au niveau 3, plaçant le ministre de l’Intérieur en chef des opérations, « les actions reposent sur des décisions ponctuelles du cabinet, sans mécanisme officiel », déplore-t-il. « Des habitants sont coincés sur les toits, des véhicules sont submergés, les plus vulnérables appellent à l’aide, mais il n’y a pas de structure centrale de commandement. »
Il recommande des mesures immédiates, comme l’ouverture de digues routières pour accélérer l’écoulement des eaux.
Maitree Jongkraichak, de la Thai Community Foundation, appelle lui aussi à une mobilisation urgente. Sur les réseaux sociaux, il propose la création d’une « war room » réunissant experts, réseaux communautaires et analystes de données. Parmi les actions prioritaires : cartographier les risques, coordonner les secours via un centre radio unique, mobiliser bateaux et avions militaires, ouvrir des centres d’évacuation et diffuser des points presse toutes les deux heures.
Un bilan humain et matériel qui s’alourdit
Selon l’agence nationale de gestion des catastrophes, au moins treize personnes ont perdu la vie dans le sud du pays depuis le début des pluies torrentielles. Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence dans la province de Songkhla, tandis que plus de 1 200 habitants ont été évacués.
Les témoignages se multiplient. « Je suis restée bloquée pendant quatre jours », raconte une femme évacuée à la chaîne TNN, expliquant avoir quitté sa maison en bateau avec son bébé et sa mère alitée, « par peur que l’eau monte encore ».
À l’hôpital de Hat Yai, la situation est également tendue. Malgré les déclarations officielles assurant que le personnel est approvisionné, un employé affirme que médecins et infirmiers sont coincés depuis trois jours, sans nourriture suffisante, continuant de travailler sans repos pour les patients.
Les secouristes font face à des scènes dramatiques. Le 25 novembre, un sauveteur a publié une vidéo montrant une maison où l’eau atteignait presque le plafond du premier étage. Une femme âgée y a perdu la vie, incapable de se maintenir hors de l’eau.
Renforts militaires et dégâts industriels massifs
Les autorités ont déployé un hélicoptère KA‑32 pour les opérations de recherche et d’évacuation, tandis qu’un avion C‑130 de l’armée de l’air a réussi à atterrir à Hat Yai malgré les conditions difficiles pour livrer eau potable et matériel médical.
Les dégâts économiques sont considérables : 715 usines ont été touchées dans la province de Songkhla, pour un coût estimé à 1,28 milliard de bahts. Dix-sept centrales électriques sont hors service, obligeant les autorités à solliciter une production accrue depuis Krabi et Khanom.
Trang également submergée
Plus au nord, la province de Trang fait face à des crues soudaines après la rupture partielle d’un barrage. L’eau a atteint trois mètres dans le district économique de Yan Ta Khao, laissant des milliers de personnes bloquées. Depuis le 19 novembre, neuf districts et plus de 12 600 foyers sont touchés, avec deux décès confirmés.
Ce sont toutes les provinces du Sud qui sont touchées. Des photos et vidéos saisissantes parviennent de Nakhon Si Thammarat, Satun, Pattani, etc. Des centaines de milliers de personnes auront tout perdu, de leurs biens à leur automobile.



