
Restitution par les Thaïlandais des 12 corps de soldats cambodgiens morts au combat.
Depuis l’explosion d’une mine terrestre le 24 juillet, ayant blessé plusieurs soldats thaïlandais à la frontière, le conflit entre la Thaïlande et le Cambodge a pris une tournure violente. En quatre jours, les affrontements ont fait au moins 34 morts, dont une majorité de civils, et provoqué le déplacement de plus de 200 000 personnes. Des centres d’hébergement, comme celui de Surin, accueillent désormais les familles évacuées, dans un climat d’angoisse généralisée.
Par ailleurs, des dizaines de milliers de Cambodgiens, chargés de leurs modestes biens, se pressent au poste frontière de Baan Laem dans la province de Chanthaburi, pour quitter la Thaïlande où ils travaillaient. L’absence de ces migrants se fera cruellement sentir puisque ce sont eux qui font, partiellement, tourner l’économie thaïlandaise.
Le 27 juillet, la Thaïlande a restitué les corps de 12 soldats cambodgiens tués lors de combats dans la région de Phu Makhuea. L’acte, conforme aux principes humanitaires, marque un geste solennel de respect envers les défunts, quel que soit leur camp. Ce rapatriement permettra également aux familles cambodgiennes de procéder aux rites religieux. Ce chiffre pourrait indiquer que les pertes cambodgiennes sont sous-estimées.
Côté thaïlandais, l’armée a signalé que 14 civils étaient morts et 12 grièvement blessés. Huit soldats ont été tués et 103 blessés.
Sur le front diplomatique, une rencontre cruciale est prévue le 28 juillet à Kuala Lumpur entre les dirigeants des deux pays. Le Premier ministre cambodgien Hun Manet se dit favorable à un cessez-le-feu immédiat et sans conditions. Son homologue thaïlandais, Phumtham Wechayachai, reste plus réservé, exigeant une preuve de bonne foi de la part du Cambodge. Ces discussions sont préparées avec l’appui des ministres des Affaires étrangères, sous l’impulsion du secrétaire d’État américain Marco Rubio.
Les États-Unis jouent un rôle de pression : Donald Trump a averti qu’aucun accord commercial ne sera signé tant que les hostilités continueront. Des diplomates américains sont actuellement en Malaisie pour faciliter les négociations, soutenues par l’ONU et l’ASEAN.
Sur le terrain, les combats persistent. Les deux camps s’accusent mutuellement de frappes d’artillerie sur des zones civiles et patrimoniales, telles que le temple de Ta Muen Thom. Human Rights Watch dénonce l’usage possible de bombes à sous-munitions, interdites par le droit international.
Le conflit, nourri par des tensions récurrentes depuis mai, menace la stabilité régionale et ébranle le gouvernement thaïlandais. Les pourparlers à venir pourraient offrir une sortie, mais certains experts, dont Pravit Rojanaphruk, anticipent une poursuite des hostilités tant que les temples frontaliers ne seront pas sécurisés par l’un des deux camps. Le Cambodge aurait déjà perdu quelques mètres de territoire.