
Les exportations thaïlandaises subissent de plein fouet l’impact du tarif réciproque de 19 % imposé par les États-Unis depuis août. Ce droit de douane, destiné à rééquilibrer les échanges commerciaux, affecte particulièrement les secteurs des pierres précieuses, du poisson en conserve, des textiles, des aliments pour animaux, du caoutchouc et des climatiseurs. En août, les exportations vers les États-Unis ont chuté à 180 milliards de bahts, contre plus de 200 milliards les mois précédents. La croissance annuelle des exportations est tombée à 0,7 %, contre 14 à 29 % au premier semestre.
Les produits électroniques, bien que toujours en hausse, ralentissent nettement. Les transformateurs électriques, déjà taxés, n’ont progressé que de 9 %, tandis que les équipements informatiques, encore en cours d’examen, ont augmenté de 27 %, contre des hausses de 40 à 90 % auparavant. Ces deux catégories représentent à elles seules 300 milliards de bahts par an.
Les secteurs non électroniques, majoritairement portés par des entreprises thaïlandaises, sont les plus touchés. Les exportations de bijoux ont chuté de 30 %, le poisson en conserve de 29 %, les gants en caoutchouc de 24 %, les climatiseurs et pneus de 23 %, les aliments pour animaux de 19 %, et les textiles de 17 %. Ces industries emploient des dizaines de milliers de travailleurs locaux. Le Parti du Peuple appelle à des mesures ciblées pour soutenir ces secteurs.
Le ministre des Finances, Ekniti Nitithanprapas, a demandé à la Banque de Thaïlande de limiter la volatilité du baht, qui s’est apprécié de 6,2 % face au dollar cette année. Il a rejeté l’idée d’une taxe sur les transactions d’or, jugée inefficace et nuisible au secteur. Le gouvernement prévoit un plan de relance de 66 milliards de bahts pour stimuler la consommation et le tourisme mais cela n’aura aucun impact sur les exportations.
Le nouveau gouverneur de la banque centrale, Vitai Ratanakorn, promet de préserver l’indépendance de l’institution tout en collaborant avec le gouvernement. La croissance prévue pour 2025 est estimée entre 1,8 % et 2,2 %, avec des exportations limitées par la vigueur du baht et les taxes Trump. Un fonds souverain est envisagé pour stabiliser le taux de change.
Face à ces défis, des voix appellent à une restructuration industrielle pour renforcer la résilience de l’économie thaïlandaise dans un contexte mondial de plus en plus instable.