
La Thaïlande est sous le choc. Alors que les inondations dévastent le sud du pays, la gestion de la crise par le gouvernement d’Anutin Charnvirakul est vivement critiquée. Les bilans divergent : certains rapports évoquent 193 morts, la police en reconnaît 104, tandis que des estimations redoutent plus de 500 victimes. À Hat Yai, dans la province de Songkhla, le porte-parole du Premier ministre a confirmé 85 décès au 27 novembre, dont 55 directement liés aux intempéries. En tentant de minorer les chiffres, le gouvernement se discrédite. D’ailleurs, sur le terrain, les habitants dénoncent un manque de clarté et une lenteur dans la réponse officielle.
La situation humanitaire est dramatique. Les corps de victimes, restés trop longtemps immergés, commencent à se décomposer, compliquant les opérations de secours. Les autorités assurent vouloir garantir la transparence des chiffres, mais la confusion alimente la colère. Les réseaux sociaux s’enflamment, pointant des directives jugées irréalistes, comme l’ordre de déplacer des voitures bloquant les routes alors qu’elles sont submergées depuis des jours et ne démarreront plus jamais.
Le Premier ministre et ministre de l’Intérieur Anutin Charnvirakul a promis un plan en trois phases : aide immédiate (nourriture, eau, abris), soutien économique (exemptions de dettes, prix subventionnés) et réhabilitation à long terme (assurances accélérées, prêts sans intérêt). L’état d’urgence a été décrété pour coordonner les secours. Mais ces annonces peinent à rassurer, tant la perception d’un manque d’anticipation domine.
Au cœur de la polémique, la fuite du « maire » de Hat Yai. Eak Youngapai Na Songkhla, chef de district, a été muté en urgence après plusieurs jours d’absence inexpliquée. Le Département de l’administration provinciale affirme qu’il n’assistait plus aux réunions de crise depuis le 22 novembre et qu’il était injoignable. Déjà sanctionné par le passé pour corruption, il est accusé d’avoir abandonné ses administrés. Sur Facebook, l’intéressé se défend : il assure avoir été isolé par des eaux de plus de trois mètres, sans électricité ni réseau, mais affirme être resté aux côtés des habitants.
Une « mutation » revient souvent à éloigner un fonctionnaire ou un policier soupçonné de malversation en attendant que la colère populaire se calme, puis de lui permettre de reprendre son poste.
Cette affaire illustre la défiance croissante envers les autorités locales et nationales. Les « mutations » de responsables se multiplient : le chef de la police de Hat Yai a été relevé de ses fonctions.
Avec quelques opérations de communication, Anutin a tenté de capitaliser sur cette crise environnementale majeure pour redorer son image, mais la ficelle était trop grosse et les actions pas assez efficaces. Il est maintenant la cible des lazzis.
Pendant ce temps, les habitants de Narathiwat font face à une pénurie de carburant, et la panne d’un relais internet prive toute une région de communication.
Au Nord de Bangkok, les habitants de certains districts d’Ayutthaya sous les eaux depuis 3 ou 4 mois demandent qu’on ne les oublie pas.
Entre bilans contradictoires, gestion jugée insuffisante et responsables absents, la catastrophe naturelle se double d’une crise politique. Dans le sud noyé, la colère monte, et l’ombre d’un désastre de confiance plane désormais sur le gouvernement Anutin.



