Le chef du parti Move Forward, Pita Limjaroenrat, a affirmé mercredi qu’il avait été injustement traité par la Commission électorale (CE), avec sa décision de soumettre l’affaire iTV à la Cour constitutionnelle pour examen, sans lui donner la possibilité de se défendre.
En réagissant à la décision de la CE, qui est intervenue à la veille de la sélection du Premier ministre au parlement, Pita a déclaré qu’il comprenait la loi qui interdit aux politiciens d’utiliser leurs propres médias.
« Il n’y a aucun moyen pour moi de bénéficier d’un média qui a cessé ses activités il y a environ 17 ans », a déclaré Pita, qui s’étonne que la Commission électorale a soumis son cas à la justice en 32 jours, contre 386 jours dans une affaire similaire concernant le ministre des Affaires étrangères Don Pramudwinai.
Il ne comprend où est le problème dans l’affaire iTV ni pourquoi la CE ne lui a jamais laissé la possibilité de s’expliquer. Le nombre d’actions et leur valeur sont epsilonesques.
Pita a déclaré qu’au cours des quatre dernières années en tant que député, il avait consulté à la fois la Commission nationale anti-corruption et la CE au sujet de ses parts dans iTV qui lui ont toujours assuré qu’il n’y avait pas de problème “… et à la veille du vote au parlement, c’est un coup sur la tête », a déclaré Pita.
Pita a déclaré qu’il voit dans cette « magouille » une tentative pour empêcher les partis de la coalition de former un nouveau gouvernement. « Si ce n’est pas iTV, il y aura d’autres problèmes », a-t-il déclaré. La preuve en est l’affaire de l’amendement à la loi sur lèse majesté maintenant suffisamment grave pour entraîner la possible dissolution du parti.
Le parti Move Forward a appelé ses partisans à Bangkok à observer le déroulement de la journée au parlement ce jeudi. Une zone à proximité est aménagée pour que les gens puissent observer le vote (sur écran géant ?).
Le parti a également exhorté ses partisans à travers le pays à porter des chemises orange pour montrer leur soutien, ce jeudi matin, cela semble un échec.
Ce jeudi on aura droit à quatre heures de discours de députés, tandis que les sénateurs auront deux heures. Pita n’est pas tenu de prononcer un discours, mais il a déclaré qu’il répondrait aux inquiétudes des sénateurs.
Le sénateur Kamnoon Sidhisamarn a déclaré que les sénateurs attendent un discours de Pita. Le président de la Chambre, Wan Muhamad Noor Matha, a déclaré lundi qu’il serait demandé aux participants s’ils souhaitaient entendre des discours du ou des candidats. A date Pita sera le seul candidat mais il n’obtiendra sans doute pas le nombre de voix requises ce qui reportera la suite du processus au 19 juillet.
Le vote devrait avoir lieu à 17 heures. La police est prête pour de possibles manifestations au parlement. L’école Rachawinit, située à proximité du parlement, est fermée ce jour car la police l’utilise comme lieu de repos pour 170 agents de contrôle des foules. Des officiers supplémentaires sont stationnés autour du parlement, et la marine a déclaré qu’elle était prête à évacuer les députés et les sénateurs par voie d’eau si le besoin s’en faisait sentir.
L’un des leaders du MF, Piyabutr Saengkanokkul, s’est inquiété du manque d’impartialité au sein de la Commission électorale (CE) qui a réglé l’affaire Thanathorn Juangroongruangkit, l’ancien dirigeant du Future Forward (parti dont MF est l’avatar) en quelques jours, comme pour Pita alors que des affaires similaires traînent. Piyabutr a souligné que le régime, qu’il a qualifié de club de « metteurs en scène », répètent le même film depuis 20 ans. Il a posé la question : « Allons-nous permettre que cela se termine de la même manière ?
Quelques dizaines ou centaines de partisans de Move Forward se sont réunis près du MBK hier soir. Ils veulent que les sénateurs nommés par la junte votent (au parlement aujourd’hui) en suivant la volonté de la majorité des électeurs.
Les analystes politiques affirment que la Thaïlande paie actuellement l’héritage Prayut qui s’est retiré mais laisse un champ de mines derrière lui. Au cours de ses neuf années au pouvoir, le général a fait de la justice thaïlandaise, et de sa Cour constitutionnelle en particulier, une arme pour sauvegarder les intérêts conservateurs. Le sujet est vaste et les exemples nombreux. La dissolution du Future Forward n’est qu’un exemple de justice aux ordres. Les Thaïlandais ne sont pas dupes d’autant que le régime a commencé à utiliser la « justice » avant même l’arrivée de Prayut, dès 2007 / 2008 pour être précis.
La décision de la commission électorale, annoncée dans un communiqué de presse, signifie que le tribunal pourrait ordonner la suspension de Pita de ses fonctions de député jusqu’à ce qu’un jugement soit rendu. En théorie, cela n’empêche pas qu’il soit nommé au poste de Premier ministre par le Parlement jeudi. Mais la nomination de Pita, déjà incertaine devient improbable.
L’affaire que la commission a renvoyée au tribunal va au-delà d’une violation technique de la loi électorale et accuse Pita de s’être présenté aux élections en sachant qu’il n’était pas éligible, une infraction pénale passible d’une peine d’emprisonnement maximale de trois ans et/ou d’une amende pouvant aller jusqu’à 60 000 bahts ( 1 720 $). Le parti encourt une amende pouvant aller jusqu’à 100 000 bahts (2 865 $).
Le vice-Premier ministre par intérim Wissanu Krea-ngam, le conseiller juridique du gouvernement, aurait déclaré que si le chef du parti Pita était jugé non qualifié pour approuver les candidats de son parti aux élections, le scrutin du 14 mai pourrait être annulé et un autre convoqué.
L’autre affaire contre Pita et le MF concerne la décision de la Cour constitutionnelle d’accepter une requête demandant de statuer sur l’intention du chef du MF Pita Limjaroenrat et de son parti d’amender la loi de lèse-majesté. La question est de savoir si cela constitue une tentative de renverser la monarchie constitutionnelle. Si Pita est reconnu coupable, le parti peut être dissous et il peut être exclu de la politique. Les militants affirment que si le parti est dissous, il y aura plus de manifestations à l’avenir. Pita explique que, au contraire, la nouvelle loi rendrait la monarchie plus populaire en supprimant l’arbitraire et les peines trop longues.
L’ancien Premier ministre en fuite Thaksin Shinawatra a, une fois de plus, retardé son retour en Thaïlande, affirmant cette fois qu’il attendra de voir comment se déroule l’élection du Premier ministre.
Thaksin a déclaré le mois dernier qu’il mettrait fin à ses 17 ans d’auto-exil ce mois-ci, car il veut s’occuper de ses petits-enfants. Il est prêt à purger la peine de 10 ans de prison, ce que personne ne croit..
Sa plus jeune fille, Paetongtarn, a cependant déclaré mercredi qu’elle venait de parler à son père et qu’il avait changé d’avis. « Son retour est toujours d’actualité mais il sera un peu retardé. Pas ce mois-ci », a-t-elle déclaré.
Thaksin ne veut pas ajouter du chaos au chaos mais c’est trop tard. Beaucoup de Thaïlandais considèrent déjà son retour comme politique à un moment où son parti Pheu Thai actuellement lié à Move Forward peut finir dans les bras de l’armée et du général Prawit.
Paetongtarn affirme que Thaksin aimerait attendre que la situation politique se calme. Thaksin a annoncé 19 fois au cours de ses années d’exil qu’il souhaitait rentrer chez lui.
Le sénateur Kamnoon Sidhisamarn, porte-parole du Sénat, a déclaré que la décision de la commission électorale de renvoyer l’éligibilité de Pita à la Cour constitutionnelle n’aura pas d’incidence sur le vote de ce jeudi.
Kamnoon a confirmé l’authenticité de messages d’autres sénateurs qui agressaient une (rare) sénatrice qui voulait voter pour Pita. Kamnoon confirme ainsi les allégations du MF qui affirme qu’il y a de l’intimidation au sein du Sénat nommé par la junte. Cette sénatrice a affirmé avoir reçu un pot-de-vin pour ne pas voter Pita. Kamnoon dit que le Sénat n’a pas encore discuté de cette question aujourd’hui, et il ignore toujours l’identité du sénateur agresseur.
Saksith Saiyasombut, l’analyste de Channel News Asia affirme que « Si la Thaïlande était une démocratie normale, il n’y aurait aucun doute sur le prochain gouvernement. Mais la Thaïlande n’est pas normale politiquement. Des décennies de despotisme paternaliste laissent des traces. Cela changera inévitablement Mais personne ne connaît le calendrier. »
Voilà, tous les acteurs sont en place ce jeudi matin au parlement. Mais le vote s’interviendra pas avant 17 heures. On s’attend à beaucoup de nervosité.
