La minimisation de la violence contre les femmes par la société thaïlandaise fait que le problème semble moins grave qu’il ne l’est en réalité, a déclaré la députée du Pheu Thai (au pouvoir), Khattiya Sawatdiphol, lors d’un séminaire à Thammasat le 8 mars journée internationale de la femme.
La société minimise souvent la violence contre les femmes en les attribuant à de simples conflits domestiques ou à des affaires familiales qui ne regardent personne. Cette façon de penser, que l’on voit aussi en France, est criminelle, c’est pour cela que Thaivisa en français emploie le mot féminicide à chaque féminicide.
Selon Khattiya les Thaïlandais n’hésitent pas à rire des violences contre les femmes.
La violence n’est pas et n’a jamais été une affaire privée, et elle n’est pas exclusive aux femmes, a-t-elle déclaré. Cela découle de l’inadéquation des lois, de la culture et des structures sociales, a-t-elle ajouté.
Khattiya a souligné que la Thaïlande se classe parmi les 10 pires pays au monde en matière de violence contre les femmes et les filles. Elle a déclaré que 44 % des femmes et des filles âgées de 15 à 19 ans ont été victimes de violences, que ce soit de la part de leur partenaire ou d’autres personnes, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale de 33 % (déjà incroyablement élevée). Elle a également déclaré que sur plus de 14 600 cas de violence contre les femmes signalés chaque année, seuls 170 environ (soit quasiment aucun) sont portés devant les tribunaux.
L’Institut thaïlandais de recherche sur le développement a souligné dans son rapport de 2020 que le One Stop Crisis Center (OSCC) du ministère de la Santé avait signalé que le nombre de femmes victimes de violences et venues bénéficier des services de l’OSCC était passé de 26 femmes par jour en 2007 à 36 femmes par jour en 2015. Plus de la moitié (55 %) de ces cas de violence impliquaient leurs maris / petits amis comme agresseurs.
Le fait que les statistiques datent de 10 ans en arrière montre le peu d’importance que la société accorde au problème.
Parallèlement, la Fondation du Mouvement progressiste pour les femmes et les hommes a déclaré qu’au moins 372 articles de presse faisaient état de cas de violence domestique au cours de l’année 2022.
La majorité des cas rapportés (52,4 %) étaient des meurtres, suivis des violences physiques (22%) , des suicides (14 %) , des violences sexuelles (8 ,1 %) et d’autres formes d’abus (3,5 %).
Les maris ou les petits amis qui se sentent souvent « propriétaire » de la femme sont responsables de violences contre les épouses ou les petites amies dans 70 % des cas.
Khattiya a déclaré que des changements doivent être apportés pour
– améliorer le processus judiciaire,
– favoriser l’utilisation d’une terminologie décrivant avec précision la violence à l’égard des femmes (le mot féminicide par exemple),
– concevoir des mécanismes permettant aux victimes de violence de s’exprimer en toute sécurité et
– inciter à la collaboration entre diverses agences et organisations (police et fondations par exemple) pour protéger les femmes de la violence.
Il s’agit visiblement de mesure d’urgence, elle n’évoque pas de mesures de prévention qui passent par l’éducation des jeunes garçons en tant que citoyens responsables.
