
Les autorités thaïlandaises ont mené une descente musclée le 7 novembre sur trois projets de villas de luxe à Koh Phangan, soupçonnés d’être des hôtels clandestins gérés par deux ressortissants français. Montant estimé de la fraude : près de 100 millions de bahts.
L’opération, pilotée par le colonel Sombat Chamsaeng, visait la société Phangan Development (Thailand) Co., Ltd., dirigée par Anthony Gerard Guy Vernot et Khalil Rousem. Munis d’un mandat du tribunal de Koh Samui, les policiers ont perquisitionné les bureaux de l’entreprise et saisi documents et ordinateurs.
Les projets Boho Villas et Boho Village comptent 36 villas déjà construites, louées entre 5 000 et 15 000 bahts la nuit à des touristes étrangers. Un troisième chantier, avec 29 villas supplémentaires, est en cours. Les deux Français ont reconnu proposer des hébergements sans licence hôtelière. Ils ont été inculpés et placés en garde à vue.
Selon l’enquête, les terrains ont été loués à des Thaïlandais pour 30 ans, puis divisés et bâtis en villas revendues entre 3 et 7 millions de bahts. Certaines sont occupées par leurs propriétaires, d’autres sous-louées à des touristes. La société de gestion prélèverait 20 % de commission, générant plus de 200 millions de bahts par an.
Boho Villa Co., Ltd. (créée en 2020) et Boho Village Co., Ltd. (2022) sont majoritairement détenues par des étrangers, avec des actionnaires thaïlandais de façade. Une troisième entité, Boho Terracotta Co., Ltd., fondée en décembre 2023, affiche des pertes pour 2024. Les autorités soupçonnent un montage avec des « prête-noms » thaïlandais.
Le fisc estime à 95,6 millions de bahts les impôts non payés : 33,6 millions sur les locations journalières, 50 millions sur les baux longue durée et 12 millions de taxe hôtelière. L’enquête se poursuit pour établir d’éventuelles charges supplémentaires liées à la fraude et aux prête-noms.
Cette affaire prouve, d’une part, qu’il est difficile d’échapper à la sagacité des enquêteurs et, d’autre part, que les étrangers vivant à Koh Phangan sont dans le collimateur des autorités depuis quelque temps.



