
siège de la SCB
La défiance du monde de la finance vis-à-vis du secteur bancaire thaïlandais inquiète, d’autant plus que les établissements actuellement dans le collimateur sont les deux plus importantes institutions du pays, la SCB et la Bangkok Bank.
Alors que les banques américaines et européennes ont retrouvé des niveaux de valorisation proches de leurs records, Siam Commercial Bank (SCB) et Bangkok Bank (BK) peinent encore à se relever du choc de la pandémie, aggravé par la dépendance de l’économie thaïlandaise au tourisme, actuellement en plein marasme. À cela s’ajoutent le ralentissement économique de la Chine et les incertitudes sur les droits de douane, qui pèsent lourdement sur la conjoncture.
Conséquence directe : les deux banques s’échangent en dessous de la valeur de leurs capitaux propres. Cette situation attire désormais l’attention des fonds spécialisés sur les marchés émergents.
SCB, historiquement liée à la famille royale dont le roi détient près d’un quart du capital, n’a connu aucune croissance en dollars américains de son bénéfice sur les dix dernières années, malgré un portefeuille de prêts passé de 49 à 66 milliards de dollars. Autrefois rentable à deux chiffres, elle affiche depuis cinq ans une performance en berne.
La Bangkok Bank, de son côté, présente une trajectoire plus dynamique, avec un bénéfice avant impôts en hausse de 1,2 à 1,6 milliard de dollars sur dix ans, et une croissance plus soutenue de son portefeuille de prêts. Néanmoins, sa rentabilité reste inférieure à celle de SCB, expliquant une décote encore plus marquée sur ses actifs.
Les analystes s’inquiètent d’un sous-provisionnement du risque par les deux banques, alors que leurs ratios de prêts non-performants ne reflètent pour l’heure aucune anomalie. Toutefois, en période d’instabilité, ces indicateurs peuvent se détériorer rapidement.
SCB a récemment publié ses résultats semestriels. Comme ses homologues internationales, la hausse du bénéfice repose exclusivement sur les revenus de trading, tandis que ses activités de crédit poursuivent leur contraction, reflet d’une économie thaïlandaise en souffrance.