
La Première ministre Paetongtarn Shinawatra a refusé de répondre aux questions sur les critiques de la Banque de Thaïlande (BoT) concernant la 3e phase de la distribution de l’allocation de 10 000 bahts.
La phase 1 a permis de distribuer la manne à 14,5 millions de bénéficiaires de l’aide sociale, donc les plus pauvres, et de personnes handicapées. La phase 2 a ciblé 4 millions de personnes âgées de 60 ans et plus. La phase 3 étendra la distribution aux personnes inscrites sur l’application Thang Rath, soit 36 millions.
En excluant les 4 millions de personnes de la phase 2, environ 32 millions de personnes restent inscrites et n’ont pas encore reçu l’aide. Pourtant, le gouvernement n’a pas communiqué de détails sur le nombre de personnes qui recevront de l’argent lors de la phase 3.
Les critiques de la BoT à l’égard de la Phase 3 sont les suivantes :
- Le budget de relance économique devrait être consacré à des investissements dans le secteur public, tels que des projets d’infrastructures et le développement des ressources humaines, systématiquement sacrifié par les gouvernements thaïlandais. Cela contribuerait pourtant à renforcer la compétitivité du pays.
- Compte tenu de l’ampleur du fardeau budgétaire que représente la manne de 10000 bahts, il est important d’évaluer son efficacité et son coût. Le gouvernement devrait plutôt accélérer le remboursement des prêts pour remédier au déficit budgétaire.
- Le gouvernement devrait améliorer le partage des données et la coordination entre les agences, rendant ainsi le processus plus rapide et plus efficace pour éviter que certains ne reçoivent la manne deux fois. Il convient d’établir des procédures claires pour vérifier l’éligibilité des groupes cibles.
Les économistes, de leur côté, considèrent que cette manne, initialement envisagée comme une initiative de relance majeure, voire un « tourbillon économique », semble avoir perdu de son intérêt.
La justification de ce projet, selon le ministre des Finances Pichai Chunhavajira, était que l’économie thaïlandaise se trouve dans un état de stagnation prolongé depuis plus de 15 ans. Au cours de la dernière décennie, la croissance moyenne du PIB n’a été que de 1,9 % (trois fois moins que les pays voisins comparables), tandis que la dette des ménages a grimpé à plus de 90 % du PIB. La diminution de la compétitivité a entraîné un déclin de la production et donc une baisse des volumes d’exportation.
L’administration considérait qu’il suffisait d’injecter de l’argent dans l’économie, tout en s’attaquant aux problèmes économiques structurels pour améliorer la compétitivité du pays. Malheureusement, on voit mal comment le gouvernement s’attaque aux problèmes structurels (poids trop élevé des conglomérats, formation profesionnelle médiocre, etc.).
Par ailleurs, comme les plus aisés sont exclus de la manne seuls 45 millions de Thailandais étaient concernés par la manne. Cependant, après la clôture de la période d’inscription au projet le 15 septembre 2024, seules 36 millions de personnes s’étaient inscrites.
Enfin, la troisième distribution coïncidant avec des élections locales pourrait être considérée comme un achat de voix.