
La Banque mondiale et le gouvernement thaïlandais tirent le même constat : le modèle économique du pays est à bout de souffle. Pour espérer devenir une nation à revenu élevé d’ici 2037, la Thaïlande doit viser une croissance annuelle de 5 %. Or, en 2025, elle plafonne à 2 %, bien loin de l’objectif.
Melinda Good, directrice pays de la Banque mondiale, alerte sur le “piège des revenus intermédiaires” : après une ascension rapide, la Thaïlande stagne. L’agriculture reste dominante, l’innovation peine à décoller, et les investissements dans les compétences du futur sont insuffisants. La formation professionnelle, surtout dans les secteurs innovants, est sacrifiée. Comparée à des voisins comme le Vietnam ou la Corée du Sud, la Thaïlande accuse un net retard.
Pour relancer la machine, la Banque mondiale propose des “Quick Wins” : simplifier les démarches pour les entreprises tech, investir dans le numérique, l’énergie propre et le capital humain. Elle recommande aussi d’ouvrir le secteur des services, encore trop fermé, et de décentraliser les opportunités économiques, trop concentrées à Bangkok.
Le Premier ministre Anutin Charnvirakul partage cette inquiétude. Lors d’un séminaire économique, il a qualifié de “cauchemar” le fait que la Thaïlande soit désormais dépassée par le Vietnam. Il appelle à une mobilisation collective pour relancer l’économie, en misant sur les atouts du pays : sa position géographique stratégique, ses infrastructures et la résilience de sa société.
Parmi les mesures envisagées : prolonger l’âge de départ à la retraite des fonctionnaires au-delà de 60 ans, pour faire face au vieillissement démographique ; accélérer les lois sur le climat pour atteindre la neutralité carbone dès 2050 ; et stimuler l’investissement domestique pour renforcer la base fiscale.
Le ministre des Finances Ekniti Nitithanprapas prévient : sans action rapide, le pays risque une récession. La croissance du troisième trimestre est estimée à 1,7 %, celle du quatrième à seulement 0,3 %. Il promet des mesures hebdomadaires pour soutenir les PME et alléger les dettes des ménages.
En novembre, le ministère des Finances révisera le cadre budgétaire à moyen terme, sous l’œil des agences de notation. Mais avec seulement quatre mois de mandat, le gouvernement joue contre la montre.
La Thaïlande est à un tournant : elle doit réinventer son modèle, investir dans son avenir et cesser de se freiner elle-même.