
La cérémonie du Lang Pacha, pratiquée par les Thaïlandais d’origine chinoise, est un rituel destiné à offrir des funérailles dignes aux morts non réclamés. En Thaïlande, les hôpitaux confient les corps non identifiés et ceux dont personne ne peut s’occuper à des fondations locales. Ces fondations enterrent les dépouilles dans des cimetières pendant plusieurs années avant de procéder à un rituel de plusieurs semaines. Ce rituel comprend l’exhumation des cadavres, leur nettoyage méticuleux et une crémation collective.
Selon la croyance bouddhiste, les esprits des personnes non incinérées restent coincés entre deux mondes et ne peuvent se réincarner tant que les moines n’ont pas accompli les rites nécessaires. Pisit Pongsirisupakul, vice-président de la fondation Dhamma du Bouddha de la région de Nakhon Ratchasima, explique que les esprits non incinérés continuent à errer et souffrent, ne pouvant pas renaître. Il considère que les aider à évoluer est un acte méritoire.
Le rituel commence par l’ouverture des tombes par des volontaires, qui brossent les ossements pour enlever saletés et chairs, puis les lavent dans de l’eau bénite bouillie avec des feuilles de thé. Les restes sont ensuite mis à sécher, rassemblés et divisés par type d’os, avant d’être disposés sur des nattes ou empilés dans des seaux. Les volontaires appliquent des feuilles d’or sur les os et reconstruisent des visages sur certains crânes. Chaque groupe d’os est placé dans deux tours de crémation distinctes, une pour les hommes et une pour les femmes, avec les crânes posés sur le dessus. Les moines chantent et prient avant que les flammes ne soient allumées, et les cendres de chaque tour sont ensuite enterrées dans le cimetière.
Les participants trouvent du réconfort et du mérite dans ces actes. Pimjai Sornrach, une commerçante de 54 ans, est volontaire depuis ses 17 ans, après avoir vu deux personnes abattues. Elle gagne ainsi des mérites. Thitiwat Pornpiratsakul, 63 ans, a commencé à faire du bénévolat après avoir survécu à un accident de bus avec sa famille. Il croit que leur bonne santé est due à leur participation à cette cérémonie.
Les organisateurs soulignent que l’événement rend hommage aux morts mais met aussi en lumière la nécessité d’une réforme juridique. Pisit Pongsirisupakul fait campagne pour démocratiser les tests ADN et relier les registres d’état civil à la police scientifique, afin de mieux identifier les personnes non réclamées. Il plaide pour une base de données centralisée permettant aux familles de rechercher leurs proches. Les actes méritoires, essentiels dans le bouddhisme, apportent la tranquillité d’esprit.