
Le ministre chinois Liu Zhongyi en visite en Thaïlande
Le chef de la Force frontalière Karen (BGF), le Major General Saw Chit Thu, fait face à des pressions croissantes de la Thaïlande et de la Chine pour qu’il contrôle mieux les activités criminelles le long de la rivière Moei à Myawaddy, au Myanmar. Cette situation découle de « l’effet Wang Xing », une affaire de trafic d’êtres humains impliquant un acteur chinois qui a attiré l’attention mondiale après sa disparition en Thaïlande en janvier. Bien qu’il ait été secouru, l’affaire a révélé l’ampleur des réseaux criminels chinois dans la région, poussant la Thaïlande et la Chine à agir.
La Chine, sous la pression de sa population inquiète, intensifie ses efforts pour éradiquer les escroqueries transnationales et libérer les travailleurs chinois piégés. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, appelle à une coopération régionale pour lutter contre ces réseaux. La BGF, qui contrôle des zones clés comme Shwe Kokko et KK Park, ainsi que la Democratic Karen Buddhist Army (DKBA), dirigée par Saw Kyaw La, sont accusées de profiter des activités criminelles, notamment par des frais de protection et de location.
La Thaïlande, qui sert de passerelle à ces activités criminelles, n’a pas encore adopté une position claire. Bien que les autorités locales et la police thaïlandaise tentent de gérer la situation, une action plus sérieuse est nécessaire. Pour contrer ces réseaux, la Thaïlande pourrait resserrer les contrôles frontaliers, couper l’électricité qu’elle continue de fournir et sanctionner les groupes armés impliqués, comme la BGF et la DKBA. Cependant, la corruption parmi certains responsables thaïlandais très haut placés complique ces efforts.
Une alternative serait de soutenir l’Union nationale de Karen (KNU), un groupe qui maintient une distance avec le crime organisé, pour lutter contre les fraudeurs à Myawaddy. Cela éviterait une intervention directe de la Chine via la junte birmane, qui compliquerait indubitablement la situation frontalière. La Thaïlande doit également faire face à l’influence croissante de l’Armée de l’État uni Wa (UWSA), qui contrôle désormais des zones frontalières et profite du trafic de drogue.
Selon les experts, la Thaïlande doit agir de manière décisive pour empêcher les seigneurs de guerre et les criminels de prospérer près de ses frontières. Soutenir des groupes comme la KNU et renforcer la coopération régionale sont des étapes cruciales pour rétablir la sécurité et la stabilité dans la région.
De son côté, la Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra a lancé jeudi l’opération anti-drogue « SEAL STOP SA-DRUG », visant à renforcer la lutte contre les stupéfiants dans 51 districts frontaliers. Cette initiative s’inscrit dans la politique gouvernementale de prévention et de répression des drogues, considérées comme une menace pour le royaume.
Paetongtarn a souligné l’importance de sceller les frontières pour empêcher la contrebande de drogue et a promis un soutien accru aux agences impliquées. Elle a également appelé à offrir des opportunités de réinsertion sociale aux anciens toxicomanes, tout en saluant les efforts de réhabilitation.
Enfin, côté chinois, Liu Zhongyi, vice-ministre chinois de la Sécurité publique, a rencontré le lieutenant-général Trairong Phiwpan, du Bureau thaïlandais de la cybercriminalité (CCIB), pour demander une coopération accrue contre les gangs chinois des centres d’appel. Ces gangs, basés dans la région de Myawaddy au Myanmar, exploitent plus de 100 000 « esclaves » pour frauder des victimes, souvent dans des conditions brutales. Liu a révélé que 36 grands gangs opèrent dans la région, attirant de nombreux Chinois avec de fausses promesses d’emploi, certains étant même décédés à cause des mauvais traitements.
Liu a demandé à la Thaïlande d’arrêter les chefs de gangs résidant dans le pays, d’extrader des suspects, et de bloquer les canaux financiers utilisés par ces réseaux criminels. Il a également proposé la création d’un centre de coordination bilatéral pour lutter contre ces escroqueries.
Le CCIB a accepté de collaborer, suggérant un échange d’informations sur les activités criminelles et un soutien mutuel pour localiser les chefs de gangs. Les deux parties ont convenu de renforcer leur coopération pour démanteler ces réseaux et libérer les victimes encore détenues.
Pour prouver sa bonne foi, la Chine a arrêté un mafieux, Yan Wenlei. Il utilisait divers pseudonymes et a trompé des dizaines de personnes sur WeChat en se faisant passer pour un recruteur d’une entreprise de divertissement thaïlandaise. Ces victimes, attirées par de fausses promesses d’emploi, ont été emmenées à Bangkok avant d’être transférées de force à Myawaddy, en Birmanie, devenue une capitale des mafias.
Cela a un impact négatif sur le tourisme thaïlandais, avec une baisse de plus de 10 % de la fréquentation chinoise pendant le Nouvel An lunaire. La Première ministre thaïlandaise, Paetongtarn Shinawatra, a promis de renforcer la sécurité pour rassurer les touristes chinois.