Le comité exécutif du parti Pheu Thai au pouvoir a décidé mardi d’exclure le parti divisé Palang Pracharath de la coalition gouvernementale et pourrait inviter un nouveau parti ou même la faction rebelle du parti Palang Pracharath, dirigée par Thhammanat Prompao, à le rejoindre, selon le secrétaire général du Pheu Thai, Sorawong Thienthong.
Le Pheu Thai en veut au général Prawit Wongsuwan, chef de Palang Pracharath, car il n’a assisté à aucun vote lorsqu’il a fallu élire Srettha Thavisin et Paetongtarn Shinawatra au poste de premier ministre. Le général Prawit a envoyé un bouquet de fleurs à Paetongtarn. La raison en est toute simple : Prawit voulait devenir premier ministre avant la fin de sa carrière.
Lorsqu’on lui a demandé si la faction de Thammanat serait invitée à rejoindre la coalition, Sorawong a rappelé que Thammanat, actuellement ministre de l’Agriculture, a toujours coopéré avec Srettha.
Quant à l’inclusion des Démocrates au sein du gouvernement, il a déclaré que la question n’était pas tranchée. Le chef du parti démocrate, Chalermchai Sri-on, a fait savoir que son parti souhaitait rejoindre la coalition dirigée par Pheu Thai, mais n’a pas encore été invité.
Plus tôt, le leader de facto de Pheu Thai, Thaksin Shinawatra, avait déclaré que les démocrates pourraient être inclus pour renforcer la stabilité du gouvernement. Les démocrates sont les ennemis intimes de Thaksin. Un premier ministre démocrate, Abhisit Vejjajiva a demandé à l’armée de tirer à balles réelles sur les partisans de Thaksin, « chemises rouges », en 2010 lors d’un massacre qui a fait, sur toute la période, 90 morts. Le parti démocrate a toujours été proche du régime dans son ensemble (pas seulement l’armée) et viscéralement opposé à Thaksin.
Le Palang Pracharath qui possède 40 député s’est fracturé en deux groupes de 20 députés. Un groupe reste fidèle au créateur du parti Prawit Wongsuwan, putschiste bras droit de Prayut qui a fomenté le coup d’état de 2014. Ces 20 députés se retrouveraient dans l’opposition. L’autre groupe suit Thammanat Prompao, emprisonné en Australie pour trafic de drogue au siècle dernier, et resterait dans la majorité.
Le Pheu Thai trouve Prawit Wongsuwan, « très peu coopératif » avec le Pheu Thai et son expulsion de la coalition est donc logique. Pourtant son frère Patcharawat, un policier, était ministre de l’environnement.
Thammanat, qui mériterait un poste ministériel pour son implication avec le Pheu Thai ne se verra plus attribuer de portefeuille en raison de sa condamnation pour trafic de drogue qui semble contraire à l’éthique et pourrait créer des problèmes à Paetongtarn. Cependant, le frère de Thammanat, Akhara Prompao, pourrait devenir ministre.
On peut parler de chute brutale pour Prawit qui était encore considéré il y a peu comme le parrain de toute la politique thaïlandaise. Prayut Chan-o-cha a fomenté le coup d’état de 2014 mais ensuite, c’est Prawit qui a mis en place le décor politique qui donnait un semblant de respectabilité à la junte militaire. Il a créé le parti Palang Pracharath, comme véhicule politique pour permettre a Prayut de gagner les élections de 2019. Cependant, Prawit s’est acoquiné avec Thammanat Prompao et a utilisé les vieilles méthodes clientélistes d’antan. On avait donc un parti clairement pro-armée qui pratiquaient le débauchage, c’est était trop pour Prayut qui a quitté cet attelage baroque pour créer son propre parti.
Finalement, aux élections de 2023, le Palang Pracharath a quand même réussi à obtenir 40 sièges grâce aux fameuses méthodes clientélistes de Thammanat. Prawit avait déjà un peu perdu la main. On a évoqué son nom pour devenir premier ministre avec l’aide des sénateurs qu’il avait nommés en tant que putschistes mais ça n’a pas fonctionné.
Par ailleurs, quasiment impotent et très vieux (79 ans), Prawit voit que le temps est compté. Selon les observateurs, c’est lui qui est derrière la destitution de Srettha car, comme par hasard, 40 sénateurs qu’il a nommés, ses amis, portent plainte. On comprend que Pheu Thai lui en veuille.
La « justice » démet Srettha mais Prawit ne parvient toujours pas au poste de premier ministre. Ne maîtrisant pas sa frustration, il gifle une journaliste qui lui posait une question anodine il y a deux semaines. Puis, Thammanat comprend que Prawit s’enferme dans une attitude suicidaire et part avec la moitié des députés laissant un Prawit affaibli, quasi seul et chaque jour un peu plus vieux, dans l’opposition. Le parti de Prayut reste dans la majorité.