Selon, le Grand journaliste Pravit Rojanaphruk, La porte à une réforme de la monarchie par le biais du Parlement a été fermée lorsque la Cour constitutionnelle a statué mercredi que l’engagement du parti Move Forward de modifier la loi 112 était inconstitutionnel et équivalait à une tentative de renverser le système politique avec le roi à la tête de l’État.
Plus précisément, les jeunes Thaïlandais qui cherchent à réformer l’institution monarchique – pour la rapprocher de ce qu’il se passe au Royaume-Uni, au Japon et en Suède – estiment désormais que la voie modérée vers une réforme de l’institution devient impossible. Certains ont perdu confiance dans leur capacité à participer à la réforme de la monarchie et pourraient devenir anti-monarchistes.
La décision a essentiellement poussé certains d’entre eux à soutenir le mouvement plus radical des exilés politiques thaïlandais en Europe. La voie médiane où les gens pourraient raisonnablement et en toute sécurité discuter de la réforme cosmétique est maintenant dangereuse. On risque d’être emprisonné simplement pour avoir évoqué une réformette.
Certains, comme le co-leader du Mouvement progressiste, Piyabutr Saengkanokkul, ont qualifié la décision de la CC de « guerre judiciaire » et ont critiqué la décision du parti Move Forward de retirer son projet de réforme de son site Internet jeudi. Il s’agissait d’une tentative désespérée de la part du parti d’éviter une éventuelle dissolution du parti par le tribunal à une date ultérieure. Une plainte visant la dissolution est en cours d’examen.
Piyabutr, co-fondateur de ce qui est finalement devenu le parti Move Forward, prévient que ce faisant, le parti pourrait perdre le soutien de ses 14 millions d’électeurs et finir tout de même par être dissous.
D’autres observateurs considèrent que les 14 millions d’électeurs ne sont pas si attachés à la réforme de la loi 112.
Le tribunal, dans lequel de nombreux juges ont été choisis par le Sénat nommé par la junte apparaît à tout le monde comme aux ordre du régime. Pour les experts, c’est un abus de pouvoir de la part d’un tribunal.
Pour Pravit Rojanaphruk, la monarchie a un caractère encore plus sacrée que le Bouddha en Thailande. Selon lui cette façon de voir est anachronique alors que Les jeunes Thaïlandais consacrent leur temps et leur énergie à d’autres questions urgentes comme l’environnement et les inégalités économiques.
Selon lui, la décision du 31 janvier montre que la Thaïlande n’est pas seulement semi-démocratique, mais un État « semi-démocratique contrôlé » par les généraux et les juges qui annulent le mandat de l’électorat chaque fois qu’ils le considèrent « nécessaire » pour préserver le statu quo et supprimer toute liberté politique malgré une jeune génération qui n’est pas dupe.
De son côté Le Bangkok Post s’est entretenu avec des analystes politiques et des personnalités du MFP.
Selon Yutthaporn Issarachai, de l’université de Sukhothai Thammathirat, le MFP se demande s’il va aller de l’avant ou adopter une position plus douce. Les déclarations du leader du MFP, Chaithawat Tulathon, ne sont pas claires à date, a-t-il déclaré.
La dissolution du parti et le bannissement à vie de ses dirigeants sont possibles selon Yutthaporn. Cependant, la question de savoir si la décision du 31 janvier est rétroactive est sujette à débat. « Il y a encore place à l’interprétation. Cela peut être simplement un avertissement pour que le parti s’arrête d’évoquer la loi 112. Sinon, ce sont des conséquences graves », a-t-il déclaré.
Le MFP peut utiliser la décision du tribunal pour prendre du recul par rapport à la loi 112 et se concentrer sur d’autres questions que ses partisans sont prêts à comprendre, a déclaré Yutthaporn.
Toutefois, selon lui les 14 millions d’électeurs du MFP ont voté pour modifier la loi et l’adoption d’une position plus douce pourrait saper la dynamique du parti, a-t-il déclaré. Certains anciens partisans du parti critiquent déjà son assouplissement.
Le professeur Yutthaporn considère que MFP doit tout faire pour éviter la dissolution car « Faire partie du processus législatif peut entraîner des changements », a-t-il déclaré, alors que se retrouver en dehors complique les choses. Sous entendu, il faut avoir recours aux manifestations et cela n’apporte aucun progrès.
Thanaporn Sriyakul, de l’Institut d’analyse politique, a déclaré que le MFP ne devrait pas être trop préoccupé par la perspective d’une dissolution ou d’un bannissement de ses dirigeants.
Ses partisans estiment qu’une telle décision ne fera que renforcer le parti et contribuera à attirer un large soutien aux « martyrs ».
Désormais, si le parti est finalement dissous, le MFP gagnera et formera probablement le gouvernement après les prochaines élections générales, mais sous un nouveau nom, selon l’analyste.
Les prochaines élections sénatoriales, prévues pour le milieu de cette année, pourraient également voir des personnalités affiliées au MFP être élues. Il spécule sur la bonne volonté du régime dans cette affaire, ce qui est loin d’être acquis.
« Les juges de la Cour constitutionnelle sont nommés par le Sénat. Il est crucial pour le nouveau MFP d’établir une alliance au Sénat », a-t-il déclaré.
M. Thanaporn a déclaré que le MFP devrait se concentrer sur son rôle de parti d’opposition et abandonner son projet de modifier l’article 112 car le tribunal en a décidé ainsi.
Il a ajouté que des manifestations majeures sont peu probables cette année, car le parti se concentrera sur les prochaines élections sénatoriales du milieu de l’année et les élections locales de la fin de cette année. Une décision de dissolution du parti pourrait déclencher de petites protestations, mais des manifestations à grande échelle sont peu probables, a-t-il déclaré.
Compte tenu de la décision du tribunal, le parti devrait se concentrer sur son travail au Parlement, notamment sur ses efforts en faveur de l’adoption d’un projet de loi d’amnistie qui couvre également les auteurs de crimes de lèse-majesté, a déclaré le député MFP Rangsiman Rome.
L’amnistie proposée par le MFP couvrirait tous les cas politiquement motivés depuis le 11 février 2006, première manifestation organisée par les royalistes du PAD contre Thaksin, jusqu’au jour où le projet de loi entrera en vigueur.
Les groupes susceptibles d’en bénéficier comprennent les royalistes radicaux, les thaksinistes et les réformateurs. Cependant, les critiques y voient une tentative d’accorder une amnistie générale aux auteurs de crimes de lèse-majesté.
M. Rangsiman a déclaré que la loi de lèse-majesté a été utilisée par les autorités contre des personnes ayant des opinions politiques différentes et que l’amnistie proposée pourrait servir de résolution au conflit politique. Il aura beaucoup de mal à convaincre les royalistes.
Concernant la possibilité de dissolution du parti, il a déclaré que le parti ferait face à toutes les issues possibles.
Cependant, il a déclaré que le MFP n’est pas seulement un groupe politique, mais qu’il s’agit d’une « façon de penser » contemporaine.
Les tentatives de dissolution ou de guerre juridique contre le parti échoueront, un peu comme ce qui s’est passé avec le Future Forward Party.
Le député de liste MFP Nutthawut Buaprathum s’est dit convaincu que les partisans du parti resteront inébranlables.
Il a déclaré que la décision du tribunal ne ferme pas la porte à toute tentative de modifier la loi de lèse-majesté et la constitution par le biais du processus législatif, mais qu’il existe d’autres questions urgentes à traiter en priorité.
Il a déclaré que le parti n’avait aucune mauvaise intention en proposant des amendements à la loi contre le crime de lèse-majesté. C’est même le contraire, une réforme pourrait rendre la monarchie plus populaire.
Cependant selon THAI ENQUIRER, Tous les gourous politiques et les médias évaluent désormais la possibilité d’une dissolution du parti Move Forward à 99 % d’ici la fin de cette année. Si le régime voulait attiser la colère de la population contre lui, il ne s’y prendrait pas autrement.
