
Pour la première fois, la dette des ménages thaïlandais a légèrement reculé au premier trimestre 2025, atteignant 16,35 billions de bahts, soit une contraction de 0,1 %. Le ratio dette/PIB est passé de 88,4 % à 87,4 %. Toutefois, la qualité du crédit reste préoccupante, notamment pour les prêts automobiles et les cartes de crédit. Les prêts non performants (NPL), en retard de plus de 90 jours, s’élèvent à 1,19 billion de bahts, représentant 8,78 % du total des prêts. Les prêts à risque (SML), en retard de 1 à 3 mois, ont légèrement augmenté. Le développement des prêts informels en ligne et des services « Acheter maintenant, payer plus tard » (BNPL) expose les consommateurs à des risques accrus d’endettement excessif.
Au deuxième trimestre, l’emploi total a atteint 39,5 millions de personnes (+0,02 % sur un an). Les secteurs du transport (+7,9 %), de l’hôtellerie-restauration (+3,1 %) et de la fabrication (+0,5 %) ont progressé, tandis que la construction (-3,7 %) et le commerce de détail (-1,2 %) ont reculé. L’agriculture a perdu 0,9 % d’emplois, surtout dans le Nord. Le taux de chômage est tombé à 0,91 %, mais le nombre de travailleurs quasi-chômeurs a augmenté de 5,2 %, atteignant 2,1 millions. Les salaires ont progressé dans le secteur privé (+2,4 %) et formel (+2,5 %), mais le salaire moyen global a baissé de 1,9 %.
Les exportations thaïlandaises ont connu une croissance de 15,5 % en juin, atteignant 28,65 milliards USD, grâce au report des tarifs américains. Sur les sept premiers mois, elles ont totalisé 166,85 milliards USD (+15 %), avec un léger déficit commercial. Toutefois, la projection annuelle chute à 1 %, ce qui pourrait affecter la consommation. Le ralentissement du tourisme et la réticence des banques à assouplir le crédit freinent la reprise.
La pénurie de travailleurs migrants (388 000 permis non renouvelés) affecte les secteurs clés. Le gouvernement prévoit de recruter au Sri Lanka, Népal, Philippines et Indonésie. Par ailleurs, 25 % des entreprises envisagent des restructurations vers des emplois précaires. Les PME peinent à innover, et les jeunes diplômés restent vulnérables. Face à l’essor économique du Vietnam (croissance prévue de 8–8,5 %), la Thaïlande doit renforcer sa compétitivité pour ne pas perdre son influence régionale.
Enfin, le secteur privé suit de près l’évolution de l’affaire « Paetongtarn Shinawatra », Première ministre sur le banc de touche en attendant le verdict. Deux scénarios sont envisagés :
- Si elle reste Première ministre, la stabilité politique pourrait rassurer les investisseurs, favoriser la reprise du baht et de la bourse, et soutenir les politiques économiques en cours (infrastructures, tourisme, PME). La croissance du PIB pourrait atteindre 2,3 % au second semestre.
- En cas de démission ou d’éviction, le gouvernement serait dissous, entraînant un vide politique, des retards dans les investissements publics et une forte volatilité des marchés. Les entreprises adopteraient une posture attentiste.
Les dirigeants industriels, dont Kriengkrai Thiennukul, alertent sur les effets déjà visibles de l’incertitude politique : retards dans les projets, suspension des investissements, et perte de compétitivité face aux pays voisins, en particulier le Vietnam. Ils appellent à une gouvernance forte et cohérente pour restaurer la confiance des investisseurs.
La stabilité politique est jugée cruciale pour préserver l’élan économique de la Thaïlande. Le verdict du 29 août pourrait être un tournant majeur, tant pour la gouvernance que pour la confiance du monde des affaires.