
Le Conseil national de développement économique et social (NESDC) a conseillé au gouvernement de différer toute augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) tant que l’économie n’aura pas retrouvé un rythme de croissance solide. L’avertissement a été formulé lundi lors d’une conférence de presse, où l’institution a présenté une étude comparant les expériences de plusieurs pays ayant relevé leur TVA.
Selon Onfa Vejjajiva, secrétaire générale du NESDC, une hausse d’un point de TVA rapporterait environ 93 milliards de bahts supplémentaires à l’État. Mais elle souligne que les leçons venues de l’étranger montrent qu’une telle mesure doit être graduelle et accompagnée de dispositifs de protection pour les ménages modestes. « Il faut attendre une reprise réelle de l’économie avant d’agir », a-t-elle insisté.
Le débat est vif depuis que le Cabinet a validé un plan budgétaire à moyen terme pour 2026-2030, visant à réduire le déficit et accroître les recettes. Face aux inquiétudes, le Premier ministre Anutin Charnvirakul a assuré qu’aucune hausse immédiate n’était prévue.
La TVA thaïlandaise, fixée à 7 % depuis 1997, est la plus basse d’Asie du Sud-Est et inférieure à la moyenne des pays de l’OCDE. Elle représente pourtant près d’un tiers des recettes publiques, soit près de 993 milliards de bahts par an. Mais le vieillissement de la population et l’augmentation des dépenses sociales accentuent la pression sur les finances publiques.
Le NESDC prévoit que la dette publique atteindra 12,2 trillions de bahts en 2025, soit 64,8 % du PIB, et grimpera à 15,3 trillions en 2030 sans nouvelles sources de revenus. L’exemple de Singapour ou du Japon montre que des hausses réussies reposent sur une transition progressive, une communication claire et des compensations ciblées pour les foyers vulnérables.
Onfa recommande que les recettes supplémentaires soient affectées directement aux programmes sociaux : 91 milliards pour les allocations des 11,5 millions de personnes âgées, 55 milliards pour les titulaires de cartes de protection sociale, et 18 milliards pour les familles avec jeunes enfants. Elle insiste aussi sur la nécessité d’améliorer l’efficacité de la collecte fiscale, notamment dans l’économie informelle qui représenterait près de 40 % de l’activité.
En toile de fond, le ministre des Finances Ekniti Nitithanprapas a proposé une hausse progressive : 8,5 % en 2028 puis 10 % en 2030. Une initiative jugée courageuse dans un pays où les gouvernements ont longtemps évité ce sujet par crainte d’un rejet électoral.
Le NESDC rappelle que la hausse de la TVA est inévitable, mais qu’elle doit servir la stabilité budgétaire et la compétitivité du pays, et non des calculs politiques à court terme.



