
La victime
La Cour militaire suprême thaïlandaise a confirmé une peine de prison avec sursis pour deux cadets supérieurs ou « de 2e année », Pipat et Phumipat, reconnus coupables d’avoir agressé illégalement leur camarade de première année, Pakapong Tanyakan, décédé en 2017 dans des circonstances troubles. Malgré leur culpabilité pour agression et manquement aux règles disciplinaires, le tribunal a jugé que leur jeunesse et l’absence d’antécédents judiciaires justifiaient un sursis, leur permettant de poursuivre leur carrière militaire. Chacun a été condamné à une peine de quatre mois et seize jours de prison, assortie d’une amende de 15 000 bahts.
La famille de la victime, notamment sa mère Mme Sukanya, présente au verdict final, n’a cessé de dénoncer l’injustice subie, estimant que Pakapong avait été faussement accusé et laissé sans défense. Elle a particulièrement critiqué le système judiciaire militaire, pointant les limites imposées aux civils, tels que l’impossibilité de désigner librement un avocat dans cette juridiction. Les inquiétudes persistent également sur l’autopsie incomplète : des organes clés comme le cerveau et le cœur n’ont jamais été restitués, ce qui alimente encore le doute sur les causes exactes du décès.
Le procès, entamé en 2018 et réévalué par la Cour d’appel en 2023, a soulevé un large débat sur la culture disciplinaire au sein des institutions militaires et leur responsabilité. La sanction jugée trop clémente a été critiquée par des observateurs qui y voient un signal d’impunité pour des actes graves. Certains, au contraire, ont défendu la démarche du tribunal comme une tentative de réhabilitation, estimant que les accusés peuvent évoluer et servir la nation de manière constructive.
Mme Sukanya, émue et indignée, a exprimé son scepticisme quant à la capacité des accusés à représenter les valeurs de la nation, dénonçant leur manque de remords et l’absence d’excuses. Elle a également regretté que l’instructeur militaire, le sous-lieutenant Piyapong, initialement impliqué pour négligence, n’ait pas été inculpé. Son message résonne comme un appel à une réforme plus profonde du système judiciaire militaire et à une reconnaissance de la souffrance des familles endeuillées par des abus institutionnels. Le fait même que l’armée ne reconnaisse pas la justice civile inquiète les observateurs.