
Voici la proportion de députés, par parti, qui ont pris la peine de voter.
Alors que la saison du smog intense approche à grands pas (janvier – avril), les députés thaïlandais ont une nouvelle fois bloqué l’avancée de la loi sur l’air pur. Ce texte, pourtant crucial, est le premier projet de loi complet sur la qualité de l’air du pays. Il vise à garantir le droit des citoyens à respirer un air sain, à créer une autorité centrale de gestion de l’air et à sanctionner les pollueurs, qu’ils soient industriels, transporteurs ou entreprises négligeant la santé publique.
La loi prévoit des mesures concrètes : agents de contrôle, zones à faibles émissions, taxes sur les véhicules polluants, et lutte contre les brûlis agricoles et les brumes transfrontalières. Objectif affiché : réduire les particules fines PM2.5 et protéger la population.
Mais depuis sa première lecture il y a plus d’un an et demi, le texte piétine. Une commission spéciale a été mise en place pour l’examiner, le modifier et l’étoffer jusqu’à près de 300 articles. Et pourtant, rien n’avance. La deuxième lecture, entamée hier, s’est enlisée dans des retards de quorum et des arrivées tardives des députés. Seul l’article 16 a été adopté avant que les discussions ne soient abandonnées, faute de temps et de volonté politique.
Le gouvernement accuse le parti Pheu Thai de ne pas avoir assuré le quorum, mais ce dernier réplique que c’est aussi la responsabilité de l’exécutif. Le vote a échoué à une voix près alors que le député Korawee Prissananantakul, frère du ministre rattaché au bureau du Premier ministre, était bien présent mais a préféré ne pas prendre part au scrutin.
Ce nouveau report illustre une réalité dérangeante : malgré les urgences environnementales, la pollution chronique et les risques sanitaires, l’air pur ne semble pas être une priorité politique. La loi est renvoyée à la semaine prochaine, sans garantie qu’elle progresse. Cette légèreté, qui frôle l’irresponsabilité, soulève des questions sur l’influence de possibles lobbies potentiellement inquiets des contraintes que cette loi pourrait leur imposer.